PORTRAIT : Carla Simondi, une vie de psychologue

 
Carla Simondi est psychologue clinicienne. Elle s’épanouit dans un métier parfois difficile, en n’oubliant pas de faire la part des choses entre vie professionnelle et personnelle.

Carla sourit, souvent, de ses dents du bonheur. Un sujet familier : elle est psychologue clinicienne. Ce n’était pourtant pas son rêve d’enfant. Petite, elle veut être comédienne, comme l’ont voulu sa mère et sa grand-mère sans y parvenir. Son grand-père la décourage : jouer, ce n’est pas un métier. Elle hésite ensuite entre assistante de direction, productrice de dessins animés ou historienne de l’art. C’est un épisode de la série True Detective qui lui fait comprendre ce qui l’attire : la dimension psychique, l’explication, le pourquoi. « En toute honnêteté, j’ai débarqué en fac de psycho non pas parce que je voulais aider les gens, mais pour la stimulation intellectuelle », avoue Carla sans embarras. « J’étais complètement fascinée par ces plongées dans le psychisme et la compréhension des mécanismes qui nous animent tous. »

Elle développe finalement très vite l’envie, non seulement de comprendre, mais aussi d’aider. « Encore faut-il aller voir le psy, s’amuse-t-elle. Les patients en souffrance sont nombreux, mais ceux qui ne franchissent pas le cap le sont encore plus. » Les raisons – plus ou moins objectives – de ne pas consulter sont légion. « Beaucoup estiment ne pas avoir besoin de consulter, ou le voient inconsciemment comme un aveu de faiblesse. Pourtant, nous avons tous des expériences, voire des traumatismes, qui ont participé à notre construction et qui se répercutent sur beaucoup d’aspects de notre vie. Parler à un professionnel, loin d’être une faiblesse, est au contraire le signe que l’on veut mieux se comprendre et mieux s’accepter. »

Lorsqu’elle commence à exercer en tant que psychologue clinicienne, Carla choisit de se spécialiser dans l’accompagnement des enfants et des adolescents. Les journées ne sont pas forcément faciles. « Ce sont des périodes de construction qui peuvent donner lieu à des réactions très violentes, et certaines situations que je rencontre sont particulièrement éprouvantes. » Être alors capable d’agir professionnellement et de se protéger émotionnellement tout en gardant une empathie nécessaire est un équilibre qui s’installe à force d’expérience. Comme de nombreux domaines du secteur médical public, la psychologie souffre en plus d’un manque de moyens qui ne facilite pas un exercice dans les meilleures conditions. Malgré tout, Carla retire de son métier une grande satisfaction. « Le psy n’est pas une baguette magique, rappelle-t-elle. Mais nous pouvons quand même apporter une grande aide. Assister aux progrès des patients qu’on accompagne sur le long terme donne un vrai sentiment d’accomplissement. »

Aujourd’hui, la psychologue pratique toujours dans le public et a lancé son propre cabinet en parallèle. Elle enseigne aussi à l’université. « J’ai toujours souhaité partager et transmettre à hauteur de ce qu’on m’avait partagé et transmis. Je pense qu’on a tous croisé des gens qui nous ont motivés, inspirés, ou qui ont ouvert une porte vers quelque chose. Je ne sais pas si je serais cette personne – elle rit -, mais je trouve ça très important de poursuivre cette chaîne. » L’idée est aussi de transmettre une image du métier qu’elle estime la plus juste possible. « La réputation des psys souffre encore d’idées reçues. Je le vois bien quand j’annonce mon métier. » Certains manifestent ouvertement leur scepticisme, quand ils ne sont pas carrément agressifs.  « J’entends souvent des choses comme « les psys sont plus cinglés que les patients » ou « vous prenez l’argent des gens sans rien faire ». C’est presque être accusée de charlatanisme alors que l’interlocuteur ne me connaît même pas, et ne connaît visiblement pas grand-chose à mon métier », regrette Carla. D’autres se ferment, ayant l’impression qu’ils vont être « analysés ». La psychologue rappelle que même si sa formation lui donne des clefs de compréhension, il faut savoir faire la part des choses. « Un architecte ne va pas regarder une construction de la même façon que nous. Il ne va pas pour autant s’amuser à redessiner tous les bâtiments qu’il croise. Hors de mon cabinet, je suis comme tout le monde… J’essaie juste de ramener le meilleur de mon métier à l’extérieur : rester à l’écoute, et surtout ne jamais être dans le jugement. » Une belle déformation professionnelle.
 

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