Samedi 22 mars, plus de 90 000 manifestants se sont rassemblés partout en France pour lutter contre le racisme et l’extrême-droite. 21 000 d’entre eux ont défilé entre la place de la République, de la Bastille et de la Nation à Paris pour mettre en lumière l’inexcusable racisme et les crimes commis dans la bande de Gaza par le gouvernement et l’armée israélienne.
Ô peuple ! Flux continu de pensée ! Combattants de l’égalité de l’humanité ! Résistants face aux brutalités des droites et de ses groupuscules ignares, acteurs principaux de la régression sociale et philosophique de nos sociétés ! Dernier porteur enfin des valeurs de la République française, celle que l’on voit sur nos mairies et écoles mais qui sont oubliés de l’Elysée ! Le zéphyr se lève, précurseur du bouleversement, de la tornade et de l’ouragan, de la marche et de la révolte. En ce 22 mars, une partie s’est réveillée pour se protéger contre un gouvernement prêt à envoyer le corps de la Nation subir les coups de massue de l’ogre Russe. Un gouvernement imposé, En marche pour sacrifier la loi sociale sur l’autel d’Arès, sous le prétexte fallacieux de l’effort de guerre et de son économie.
Adieu donc la retraite à 62 ans, adieu les services publics, adieu peut-être la Sécurité sociale et bonjour la guerre, la mort, le progrès, les tripes, les membres amputés et les 7.62 dans l’occipital. Quoi de mieux qu’un peuple mort pour régner finalement ? Les morts ne parlent pas, ne se révoltent pas, se laissent manipuler et courbent l’échine plus facilement. Alors oui, la guerre n’est pas déclarée, elle ne le sera peut-être jamais, mais la route est déjà toute tracée. Les nostalgiques et les droitards tressaillent, ils ont toutes les excuses du monde pour s’imposer, le monde s’offre au décadentisme identitaire, autoritaire, militaire et libéral.
Le Peuple, son nom, sa gloire, sa force, sa voix, sa vertu, son repos de Nerval
« C’est que le peuple aussi, malheur à qui l’éveille,
Lorsque, paisible, il dort sur la foi des serments,
Il laisse bourdonner longtemps
La tyrannie à son oreille :
Il semble Gulliver entouré de nains… »
Le Peuple, Gérard de Nerval
Cette force du peuple, exaltée dans ces vers si vrais à l’époque, semble quelque peu révolue. Sommes-nous encore capable de nous unir massivement pour au moins faire trembler le gouvernement ? Il n’est pas forcément besoin de monter aux barricades pour caillasser le premier CRS venu, il suffit simplement d’un souffle, d’un véritable débat public vidé de cette presse d’opinion qui le gangrène. La population me semble de plus en plus divisée, tiraillée d’abord entre les populations citadines et rurales, puis entre les droites et les gauches et enfin entre les intérêts personnels et communs. La France a besoin d’une cause commune, qui fasse bouger l’ensemble de son peuple, une cause qui traverse les œillères que certains médias s’évertuent à poser sur le visage des Français, une cause qui satisfasse enfin tous les appétits. Oui les Français ont peur, mais à cause de qui ? De l’immigré fraîchement débarqué en France malgré les épreuves de la mer ? Ou de ces chaînes de télévisions, de ces comptes X, TikTok ou Instagram qui propagent de fausses idées, la peur du grand remplacement, de l’entrisme islamique, sans autres preuves qu’un vulgaire argument d’autorité ?
Il est inconcevable de voir que des manifestations contre le racisme sont aujourd’hui nécessaires, à une époque où les pensées sont censées être libérées des carcans idéologiques rétrogrades et stéréotypés de l’extrême-droite. Nous sommes arrivés à un point de l’histoire où tout ou presque est remis en cause, où tous les repères culturels, sociaux ou historiques tombent un à un sous le regard indifférent du commandant de bord du navire qu’est la Ve République, plus Titanic qu’Hermione1 à l’heure actuelle.
1 : Nom du navire ayant servi à La Fayette en 1780 pour aller aider les Américains à se battre pour leur indépendance
