Un corps parfait à prix cassé, la promesse fait rêver. Mais derrière les offres alléchantes de chirurgie esthétique se cachent des réalités bien plus sombres : infections, complications graves, opérations ratées.
Pourquoi payer 4 500 € une liposuccion en France quand elle coûte 1 800 € en Tunisie, séjour inclus ? Cette question attire chaque année des milliers de patients vers des destinations où la chirurgie esthétique est plus abordable. Cliniques aux apparences luxueuses, « package all inclusive », suivi sommaire : l’illusion est parfaite.
Mais une fois l’opération terminée, les problèmes commencent. Infections, hémorragies, embolies pulmonaires : sans suivi post-opératoire rigoureux, la moindre complication peut tourner au drame. En cas de problème, le retour en France signifie souvent une admission aux urgences de l’hôpital et des interventions correctives lourdes et coûteuses. C’est le cas de Karima, 34 ans, qui, après s’être rendue à Istanbul pour un BBL (Brazilian Butt Lift), a dû être transférée à l’hôpital pour une embolie pulmonaire.
Le Dr Christophe Descouches, chirurgien et membre du Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SNCPRE), alerte : « Le tourisme médical repose sur des agents commerciaux qui vendent des opérations comme des vacances. Mais une chirurgie, ce n’est pas un produit de consommation. Là-bas, c’est du travail à la chaîne, sans véritable évaluation médicale préalable. »
Des économies au prix de la santé
Pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas voyager, il existe une autre solution : la chirurgie clandestine. En 2024, l’Ordre des médecins a recensé 128 signalements d’actes illégaux, contre 62 en 2022. Entre injections d’acides hyaluroniques dans des appartements et consommations de produits non homologués, ces pratiques sortant du cadre médico-légale se font toujours plus populaires.
Sarah, 22 ans, a testé le Lemon Bottle, une solution injectable originaire de Corée, présentée comme une méthode de lipolyse visant à dissoudre les graisses localisées sans intervention chirurgicale. Trois mois de brûlures et de douleurs insoutenables plus tard, sa vidéo d’alerte, aujourd’hui supprimée, cumulait plus d’un million de vues.
Les conséquences sont parfois dramatiques : nécroses, abcès infectés, voire complications mortelles. « On est passé de simples séquelles esthétiques à des cas critiques mettant en jeu le pronostic vital. Des faux praticiens réalisent même des liposuccions dans des appartements, sans aucune mesure d’hygiène. Une infection ou une plaie vasculaire mal gérée, et c’est fini », prévient le Dr Descouches.
« J’ai voulu être beau, j’ai failli y laisser ma main »
Une loi, pourtant votée en octobre 2023, interdit aux influenceurs la promotion des pratiques médicales non encadrées. Face à ce constat, certains spécialistes appellent au renforcement de la sensibilisation sur le sujet et au contrôle des cliniques à l’étranger, une solution qui serait selon eux plus efficace qu’une interdiction pure et simple.
« Le différentiel de prix n’est pas si énorme. En Tunisie, ils ajoutent l’hôtel gratuit, mais en France, on garantit la sécurité et un suivi médical sérieux. Réguler et informer est essentiel pour éviter ces drames », conclut le Dr Descouches.
Lucas, 19 ans, passionné de fitness, a payé 300 € pour des injections dans une cave à Vénissieux. Résultat : une nécrose du bras et une infection sévère. « J’ai voulu être beau, j’ai failli y laisser ma main. »
Avant de se lancer, il est important de bien s’informer, de vérifier les qualifications des praticiens et de privilégier un environnement médical sécurisé. Une intervention mal encadrée peut coûter bien plus cher que prévu.