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Dix mois sous les drapeaux : le retour (volontaire) du service militaire

Emmanuel Macron a annoncé la création d’un Service national volontaire, dix mois d’engagement « purement militaire », réservé aux jeunes qui le souhaitent. Un projet qui ressuscite l’idée de service militaire, près de trente ans après sa suppression, dans un contexte mondial où la défense redevient une affaire de génération.

C’est un vieux mot remis au goût du jour : le service national. Depuis la caserne de Varces, en Isère, Emmanuel Macron a officialisé le 27 novembre, le retour d’un service à vocation militaire. Le président parle d’un engagement volontaire de dix mois, réservé aux jeunes Français de 18 à 25 ans. Concrètement, le dispositif se déroulera en deux temps. D’abord, un mois de formation militaire, où l’on apprend la discipline, le maniement des armes, la marche et la vie en régiment. Ensuite, neuf mois d’affectation au sein d’unités actives déployées mais uniquement en France.

« Il n’est pas question d’envoyer nos jeunes en Ukraine », a tenu à préciser le chef de l’État, conscient du malaise provoqué par les propos récents du chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, évoquant la nécessité d’« accepter de perdre ses enfants ».

Le premier contingent de 3 000 volontaires est attendu dès l’été 2026, avant une montée en puissance à 50 000 jeunes par an d’ici 2035.

Rémunéré, logé, nourri

Contrairement à l’ancien service obligatoire, le Service national volontaire (SNV) repose sur le choix. Les candidats seront sélectionnés à partir de janvier 2026, sur la base de leur motivation et des besoins de l’armée. Les volontaires percevront environ 1 000 euros par mois, seront logés, nourris, équipés, et bénéficieront d’une réduction de 75 % sur les trajets SNCF.

Le service se veut sélectif, il est estimé que 80% des participants auront entre 18 et 19 ans, tandis que 20% seront des profils plus âgés, jusqu’à 25. Surtout, cette expérience sera reconnue dans le parcours d’études : les participants pourront reporter leurs vœux sur Parcoursup, et les jurys universitaires seront incités à en tenir compte lors des admissions. Autrement dit, servir la nation pourra peser dans un dossier.

À quoi ça sert ?

Le gouvernement affiche deux objectifs, renforcer le lien entre les jeunes et l’armée, et préparer la France à faire face à de nouvelles menaces. Les volontaires pourront participer à des missions de sécurité intérieure, comme l’opération Sentinelle, la protection de sites sensibles ou le soutien logistique aux troupes. Selon leur profil, certains pourraient rejoindre des missions techniques, cybersécurité, maintenance, traduction ou ingénierie. Ce renfort permettrait de libérer des effectifs professionnels pour les missions de première ligne.

L’idée est de former une réserve de jeunes formés et mobilisables, sans revenir à une conscription obligatoire. Après leurs dix mois de service, les volontaires deviendront réservistes pour cinq ans, avec la possibilité d’être rappelés cinq jours par an pour maintenir leur niveau.

Le contexte international

Le timing n’a rien d’un hasard. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la question du retour du service militaire touche toute l’Europe. Douze pays ont rétabli ou maintenu la conscription obligatoire : la Lituanie et la Suède ont rouvert leurs casernes, la Croatie l’imposera en 2026, et le Danemark l’a même étendue aux femmes. D’autres, comme l’Allemagne, la Roumanie ou les Pays-Bas, ont opté pour un service volontaire, à l’image de la France.

L’objectif est de ne plus dépendre entièrement de l’OTAN et recréer une culture de défense partagée. « La nation n’a pas le droit à l’impréparation », a insisté Emmanuel Macron, qui veut une armée « prête à toutes les bascules ». Dans son esprit, la défense n’est plus seulement une affaire de soldats, mais un effort collectif, dans lequel chaque génération a un rôle à jouer.

Une jeunesse divisée

Sur les réseaux sociaux, les réactions à l’annonce du service militaire n’ont pas tardé. Entre enthousiasme et scepticisme, la jeunesse se divise. Certains y voient une opportunité de formation, voire une expérience humaine forte. D’autres dénoncent un projet « va-t-en-guerre » ou un moyen de recruter à bas coût.

Les critiques politiques, elles, se sont rapidement fait entendre. À gauche, Éric Coquerel (LFI) juge le discours présidentiel « dangereux et martial », tandis que Clémence Gueté estime que « la priorité des jeunes, ce n’est pas la guerre, c’est l’emploi et l’écologie ». À droite, Sébastien Chenu (RN) salue une « mesure qui va dans le bon sens », mais souhaite qu’elle devienne obligatoire.

Une armée capable d’accueillir ?

Reste une question logistique : l’armée a-t-elle les moyens d’intégrer 50 000 jeunes par an ? Depuis la suspension du service militaire en 1997, l’appareil militaire français s’est professionnalisé. Les infrastructures d’accueil, les encadrants et les circuits de formation ont été réduits. Le ministère des Armées doit encore finaliser la liste des sites et le calendrier d’accueil. Le coût du dispositif, estimé à 2 milliards d’euros par an, sera intégré à la prochaine loi de programmation militaire (LPM 2026-2030). Une somme considérable, mais présentée comme un investissement stratégique à long terme.

Le service militaire n’est pas une nouveauté en France. Il a été instauré en 1905, supprimé en 1997 par Jacques Chirac, jugé trop cher, inégalitaire et obsolète. À l’époque, la France faisait le choix d’une armée de métier, capable d’intervenir à l’étranger plutôt que de mobiliser une génération entière. Mais le monde a changé. Les guerres ne sont plus lointaines, et la démographie européenne s’essouffle.

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