Henri Rivière : un photographe exposé à Orsay

Depuis le 29 octobre dernier et jusqu’au 2 mars prochain, le musée d’Orsay propose une plongée inédite dans l’univers photographique d’Henri Rivière à travers l’exposition « Henri Rivière : L’homme à la caméra ». Une rétrospective qui met en lumière une facette de cet artiste aux multiples talents.

Né en 1864 à Paris, Henri Rivière est un artiste très polyvalent : dessinateur, illustrateur, peintre-graveur, décorateur de théâtre et collectionneur d’art extrême-oriental. Il s’intéresse aux innovations tant techniques qu’esthétiques dans le domaine de l’image. Il expérimente et perfectionne le théâtre d’ombres au cabaret du Chat Noir à Paris, réinvente la gravure sur bois polychrome, diffuse largement ses séries d’estampes et pratique en amateur la photographie avec un regard pionnier d’une grande audace.

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Portrait d’Henri Rivière

La naissance d’une fascination

Parmi ses nombreuses passions, la photographie occupe une place particulière. Dès 1887, il s’approprie cette technique émergente pour capturer des scènes de la vie quotidienne, des paysages bretons et des moments intimes, notamment des portraits de sa compagne Eugénie.

L’exposition « Henri Rivière : L’homme à la caméra » s’articule autour de cette passion photographique. À seulement 23 ans, Rivière s’intéresse à la photographie, d’abord pour photographier sa femme, Eugénie, à travers des cyanotypes, un procédé photographique monochrome offrant des clichés couleur cyan. Accompagné d’une chambre à main, facilitant le développement de ses clichés, il témoigne de la vie au tournant du XXe siècle. Photographiant beaucoup Paris, il n’hésite pas non plus à aller en Bretagne, dans sa maison, à Loguivy.

Mais ce qui a beaucoup intéressé Rivière, c’est la tour Eiffel. Dès l’automne 1887, il réalise plusieurs xylographies (Moyen de reproduction d’une image)du chantier. Mais c’est en mars 1889 qu’il réalise son reportage le plus mémorable, peu avant la fin du chantier. Faisant fi du danger, il grimpe sur la tour pour saisir l’aspect grandiose du monument, qui fait alors beaucoup parler. Cette fascination pour le monument le motive a publié, en 1902, Trente-six vues de la tour Eiffel, une série de lithographies, directement influencée des œuvres d’Hokusai.

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L’une de ses photos les plus impressionnantes, peintre sur une corde à noeud dans la tour Eiffel, est particulièrement représentative de la passion qu’avait Rivière pour le monument, alors en plein chantier. Un ouvrier, photographié en contre-plongée, est suspendu à la tour.

En plein travail, suspendu à sa corde à nœud, sans harnais ni aucune sécurité, c’est une tension presque dramatique. Henri Rivière présente autant sa fascination pour la tour que les conditions de travail difficiles des employés.

Alors en pleine révolution industrielle, le paysage comme la société se transforme. Une évolution qui se fait ressentir dans cette photographie.

Par cette photo, l’artiste devient journaliste, et son œuvre a une portée documentaire, en plus d’être esthétique. Le cliché traverse le temps pour nous faire réfléchir sur le progrès, et sur la place toujours grandissante qu’on lui donne.

L’exposition offre une occasion unique de découvrir ces photographies, témoins d’une époque en pleine mutation, au croisement entre deux siècles. Le musée d’Orsay propose également des visites guidées et des ateliers pour approfondir la compréhension de l’œuvre de Rivière.

Ne manquez pas cette immersion dans l’univers d’Henri Rivière, un artiste qui a su allier tradition et modernité, et dont le regard photographique offre une perspective unique sur la France de la fin du XIXe siècle.

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