Il y a 40 ans, un livre a fait son apparition dans les rayons des libraires britanniques. David Gemmel publie à ce moment son premier best-seller ainsi que le premier volet d’une longue saga littéraire à succès, le titre est simple : Légende
Cet automne la maison d’édition Bragelonne a tenu à rendre hommage au géant de l’heroic fantasy qu’est David Gemmel en publiant, dans une superbe édition, le premier ouvrage de l’auteur paru en 1984.
Une intrigue simple mais intéressante
Ce livre est le récit d’une bataille pour la survie d’un peuple, les Drénaï, face à un ennemi colossal et belliqueux, les Nadir. Tout commence par une tentative infructueuse de traité entre les deux empires, une tentative qui se solde par la mort de Bartellus, l’ambassadeur Drénaï envoyé chez l’empereur Ulric pour éviter la guerre. Le contexte étant posé, on découvre notre personnage principal, Rek, un trentenaire ayant arrêté sa carrière d’officier par peur de la mort plus que par son manque de capacité. Il est dans une taverne possédée par son père adoptif. La nuit passe et l’homme part en route pour s’éloigner du conflit à venir. Il rencontre alors sur la route une jeune guerrière aux prises avec des brigands. Il la sauve non sans mal et prend la route avec elle en attendant de trouver un abri pour la nuit. Très vite une relation se noue entre eux, malgré la difficulté qu’ils ont à l’exprimer. Rek décide alors de suivre la jeune femme vers Dros Delnoch, immense forteresse réputée imprenable et surtout lieu supposée d’une future grande bataille entre les empires rivaux. On fait en parallèle la connaissance de notre autre protagoniste, Druss, véritable héros de guerre et légende vivante. Il vit reclus sur sa montagne attendant la mort du haut de ses 60 ans. Seulement, terrifié par l’idée de mourir sénile et faible, il décide de se rendre à Dros Delnoch pour combattre une dernière fois son ennemi le plus redoutable : la mort.
Impressions du livre de David Gemmel
Le livre jouit d’une qualité narrative indéniable. L’un des risques de ce genre d’univers est celui de la surexposition, c’est-à-dire le besoin exprimé par l’auteur de tout expliquer dans un long bloc de texte pour donner au lecteur toutes les clés de l’histoire. Ici cet écueil est évité, les enjeux ne sont pas extravagants et les dialogues sont suffisamment bien écrits pour que l’exposition des personnages soit naturelle. De plus les personnages en question sont attachants, ils ne sont pas parfaits, ils sont couverts de failles qui font ressortir certaines de leurs qualités. Ils sont en fait humains, ni trop complexes ni trop simplistes, alternant les passages existentiels et les expressions les plus primaires de leurs besoins dans un langage familier. Le lecteur peut ainsi s’identifier plus facilement et apprécier l’histoire qui lui est racontée.
Le livre n’est pas exempt de défauts bien sûr, nous pouvons ici mentionner la problématique des récits enchâssés, surtout au tout début de l’histoire. Certains passages, importants dans le récit, interviennent en plein milieu de l’intrigue que l’on suit ce qui vient brouiller un peu la compréhension des événements. Aussi la relation amoureuse entre Rek et Virael évolue très vite, il leur suffit globalement d’une journée et d’une nuit pour entamer cette relation et éprouver des sentiments aussi profonds qu’un amour vieux de plusieurs années. Certains dialogues souffrent aussi d’une mode des années 80. Certaines lignes sont dopées à la testostérone tandis que d’autres sont empreintes d’une naïveté presque hallucinante. Ce n’est pas le cas dans tout le livre et le tout gagne en qualité quand les choses s’accélèrent mais c’est un des défauts qui peuvent se remarquer.
Mais dans l’ensemble cette ouverture est d’une très grande qualité et elle permet de donner un joli point de départ au cycle Drénaï pour les 20 années ayant suivies la parution du premier volet. De plus, l’édition Bragelonne met dans les mains du lecteur un formidable objet illustré par Didier Graffet. Vos yeux vous en remercieront.