Les constructeurs automobiles sont le cœur battant de la Formule 1. Mercedes, Renault, Ferrari et Honda, seuls quatre motoristes sont de mise pour fournir les dix écuries du paddock. En 2026, c’est au tour d’Audi. Tout ne présage pas une réussite du côté de la future écurie allemande.
Le 26 août 2022, l’enseigne qui arbore le logo aux quatre anneaux signe le contrat que beaucoup attendaient. Audi rejoint le championnat en tant que constructeur pour la première fois de son histoire, à partir de 2026. La filiale du groupe Volkswagen a laissé entendre sa volonté d’écrire l’histoire dans la catégorie reine. Pourtant, rien n’est aussi difficile que de rayonner en F1, une compétition où de nombreux grands noms se sont effondrés en quelques mois, à l’image de Toyota, BMW et peut-être… Audi. Alors, qu’espère la marque allemande de ce mariage qui lui semble promis ?
Les doutes qui ont failli les séparer
Quatre ans. Si peu de temps pour développer une toute première monoplace, recruter deux pilotes prêts à glorifier la marque et réussir à accueillir du personnel expérimenté en Allemagne, hors du Royaume-Uni, où sont localisées la plupart des écuries. En bref, construire un projet fiable et prometteur sans aucune expérience. Sur le long-terme, Audi ne veut pas uniquement gagner, mais dominer la discipline, à la manière de Mercedes entre 2014 et 2020.
Mais la situation se détériore progressivement avec la démission du PDG Markus Duesmann en septembre 2023. Le nouveau patron Gernot Döllner ne montre aucun enthousiasme quant à l’arrivée du géant automobile dans la discipline. Celui-ci, qui favorise l’électrique, est en contradiction avec les plans prévus pour la F1. Porsche était notamment pressentie pour récupérer ce projet, jusqu’au déclic quelques semaine plus tard. La filiale prend la décision de racheter l’écurie suisse Sauber afin de travailler en amont sur le développement interne d’Audi, et gagner en compétence pendant les Grands Prix. Sans compter l’ajout de nombreux essais libres à l’aube de la saison 2026 qui permettra d’évaluer et retravailler sur les forces et faiblesses des nouveaux moteurs.
Sauber, l’alliance dont Audi avait besoin
Seulement quatre points marqués l’an passé, Sauber finit dixième du championnat, loin derrière ses rivaux. Un an avant son arrivée officielle, Audi prend la décision de complètement restructurer l’équipe. Jonathan Wheatley, ex-directeur technique de Red Bull, dirige désormais l’écurie. Il est accompagné par l’ancien patron de Ferrari, Mattia Binotto. Le choix des pilotes sème le doute avec la signature de Gabriel Bortoleto, tout juste sacré champion de F2, ainsi que de Nico Hülkenberg, pilote allemand de 38 ans.
Pourtant, l’écurie porte son total à 51 points et se classe à la septième place du championnat à la trêve estivale. Le jeune brésilien signe son meilleur résultat en Hongrie en se classant sixième, et Hülkenberg signe le premier podium de sa carrière sous la pluie battante de Silverstone. Sauber semble montrer un tout autre visage, avec un management optimiste, six mois avant l’arrivée d’Audi.
Un mariage qui va prendre du temps
Si les quatre constructeurs émettent des doutes sur la conception de leur nouveau moteur, il est difficile d’imaginer Audi en tête du championnat dès son arrivée. La direction elle-même parle d’un fonctionnement opérationnel seulement à partir de 2027. Pour légèrement accélérer ce processus, les dirigeants ont délocalisé l’usine de la marque en Angleterre : Une initiative qui peut s’avérer payante pour l’avenir, notamment concernant le recrutement de personnels expérimentés.
Il leur faut désormais comprendre leur environnement, trouver les failles et ne pas avoir peur de faire des choix forts, ce sont les clés de la réussite dans cette catégorie qui ne pardonne pas. Briller dès leur première année, c’est possible, mais réussir sur le long terme, c’est impensable. Comme l’ont si bien démontré Mercedes, Red Bull et Ferrari dans leurs années dorées, construire une domination, ça prend du temps.
