« Avatar : de feu et de cendres », les quatre (ou cinq ?) éléments dans la pop culture  

Ce mercredi sort en salle le très attendu Avatar : de feu et de cendres. Après la plongée dans l’univers aquatique du second opus, nos héros na’vis se trouvent aux prises avec une tribu agressive venue des terres volcaniques. De l’eau au feu, la saga s’approprie un thème philosophique récurrent dans la pop culture : celui des quatre éléments naturels.  

Dès le premier film Avatar, sorti en 2009, l’univers créé par James Cameron se distingue par la richesse de son environnement naturel, presque un personnage à part entière. La planète Pandora fonctionne comme une conscience collective, où le sol, les plantes et les êtres vivants sont reliés par des connexions biologiques comparables à un réseau neuronal. Les arbres sacrés conservent la mémoire des peuples autochtones et permettent la communication avec leurs ancêtres. Eywa, le nom donné par les Na’vis à cette intelligence globale, rappelle les figures maternelles présentes dans de nombreuses religions — Gaïa, déesse primordiale chez les anciens Grecs, la Terra Mater (“terre-mère”) des Romains, la Pachamama du peuple inca… Même si la terre et la forêt sont très présentes, ce premier volet aborde les éléments naturels comme un tout équilibré. Avec les deuxième et troisième films, Avatar : la voie de l’eau, et Avatar : de feu et de cendres, le réalisateur a pourtant choisi de dédier chaque épisode à un élément en particulier. Difficile de ne pas y voir un fil rouge un peu simpliste, destiné à donner un thème et surtout une identité visuelle bien reconnaissable à chaque film. Les rituels enflammés sont certes spectaculaires et hypnotiques ; mais De feu et de cendres ne se démarque pas, ni par son scénario, ni par son traitement symbolique du feu. Cette direction artistique inscrit quoi qu’il en soit la saga Avatar dans une longue tradition d’utilisation des quatre éléments naturels dans la fiction.  

Des séries comme Winx Club, Pokémon, ou les sagas de jeux vidéo Final Fantasy (et ses cristaux élémentaires) et Mortal Kombat (et ses élémentaux) y font des références régulières. En hybridant des conceptions philosophiques occidentales et des traditions chinoises et indiennes, Avatar : le dernier maître de l’air (diffusé à partir de 2005) met en scène des individus possédant le pouvoir de maîtriser un des éléments naturels. Aang, jeune garçon ayant échappé au génocide de son peuple par la Nation du Feu, est l’Avatar, capable de tous les contrôler et d’apporter ainsi l’harmonie dans un monde divisé.  Dans W.I.T.C.H., un groupe d’adolescentes aux pouvoirs magiques associés à un des éléments se battent pour protéger un monde parallèle, tout en gérant leur vie quotidienne terrienne. Captain Planet, diffusée dans les années 90, est l’une des premières séries animées exploitant très littéralement le concept : elle met en scène les “Planeteers”, cinq adolescents à qui Gaïa, la déesse de la nature, a confié des anneaux qui leur offrent à chacun le pouvoir d’un des éléments.  Mais ces deux séries ajoutent aux quatre éléments traditionnels — la terre, l’air, le feu et l’eau — un cinquième : le “cœur”, qui vient apporter une dimension sensible. Dans le film Le Cinquième Élément (1997), la destruction du monde ne peut être empêchée que par la réunion de quatre pierres sacrées représentant les éléments avec l’incarnation vivante de l’amour — le fameux cinquième élément.  

L’idée d’un ajout aux quatre classiques n’a en réalité rien d’inédit. Le philosophe grec Empédocle (Ve siècle av. J.-C.) est le premier à théoriser les quatre éléments comme composants fondamentaux de toute matière. Aristote poursuit cette lancée et y associe des qualités (sec, humide, chaud, froid) qui expliqueraient le fonctionnement du monde naturel ; il émet aussi l’hypothèse de l’existence d’un cinquième élément, l’éther, de nature céleste. Au Moyen Âge, la vision des quatre éléments s’impose en Europe grâce à la philosophie aristotélicienne chrétienne, et irrigue la médecine, la cosmologie (l’étude des propriétés de l’univers) et la théologie (l’étude des questions religieuses). Lorsque l’alchimie de la Renaissance vient s’accompagner de questions mystiques et philosophiques, l’ajout du cinquième élément devient courant. Des alchimistes comme Robert Fludd ou Paracelse, au XVIe siècle, mentionnent cette “quintessence”, spirituelle et cosmique, complémentaire aux quatre éléments matériels. Bien que moins connu, ce cinquième élément refait donc de temps en temps surface dans la fiction — peut-être dans un prochain opus d’Avatar ? 

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