20 juillet 2017 : une date anodine au premier abord. Cette date marque cependant le décès de Chester Bennington, chanteur du groupe Linkin Park, fondé en 1996. Depuis 7 ans, aucun album n’est sorti et c’est le 15 novembre dernier que le groupe américain fait son retour accompagné d’une nouvelle tête.
On ne peut imaginer la pression qui a dû peser sur les épaules d’Emily Armstrong au moment de remplacer son prédécesseur dans un groupe qui a laissé une empreinte de géant dans l’industrie musicale. Au même titre qu’AC/DC, Linkin Park a alimenté les passions les plus vives de toute une génération d’adolescents et de jeunes adultes en recherche de réponses à leurs questions. C’est ainsi que 7 ans plus tard un premier single sort sur les plateformes d’écoute, suivi de trois autres les mois d’après. Dans l’ordre The Emptiness Machine, Heavy Is the Crown, Over Each Other et Two Faced (à deux jours de la sortie de l’album pour le dernier). Puis le reste de l’album sort.
Une lourde couronne qui sied le nouveau visage
Reprendre cet héritage n’a certainement pas été aisé mais Emily Armstrong est parvenue à convoquer la nostalgie mais aussi la curiosité des fans de toutes les générations. Cette nouvelle voix se révèle capable de chanter la douceur et la mélancolie d’un couplet aussi bien que les refrains exprimant la colère ou la peur. On ne peut s’empêcher d’entendre parfois quelques réminiscences de Chester, notamment au tout début de Two Faced, pour ne citer que lui. L’autre voix de ce groupe, Mike Shinoda, vient porter lui aussi les paroles avec son habituelle partie un peu plus parlée. Cette association avec Emily Armstrong met un peu plus en valeur le fait que nos deux interprètes sont les faces d’une même pièce, les voix se combinent bien et viennent ajouter une plus-value aux textes. Comme la voix les autres instruments expriment tout aussi bien ces aspects de la musique de Linkin Park. D’ailleurs, pour parler un peu de chiffres, les premiers singles mentionnés plus tôt font partie des plus populaires du groupe avec plus de 275 millions d’écoutes pour l’un et 124 millions pour l’autre (sur Spotify avec toutes les réserves du monde). La Défense Arena a fait salle comble pour le concert du groupe le 3 novembre dernier et les spectateurs ont réservé un très bel accueil pour le retour du groupe sur le vieux continent.
Du neuf avec du vieux
En termes de texte, les chansons restent globalement dans le même registre que ce qu’a pu écrire le groupe auparavant. De l’anxiété, du pessimisme, de la tristesse, de la colère parfois, voilà les sujets sur lesquels le groupe s’exprime dans cet album, qui comme son nom l’indique, marque un nouveau départ pour un nouveau groupe. Certains titres ressortent comme étant un reliquat de la peur que peut susciter l’inconnu. Heavy Is the Crown illustre parfaitement ce sujet, tout en se devant de répondre aux attentes d’un public qui n’a jamais diminué, le groupe a dû presque se faire violence pour essayer de reprendre une couronne devenue lourde avec le temps mais surtout avec la valeur symbolique que le décès du précédent porteur a donné à la relique.
Mais il reste neuf autres titres sur cet album et ils méritent tous le détour. Mention spéciale a Cut the Bridge qui est celle qui se rapproche le plus de certaines productions précédentes du groupe comme Bleed it Out et Papercut, aussi bien au niveau de la mélodie que des paroles et des thèmes abordés, sans pour autant tomber dans la bête copie. Je ne rends peut-être pas beaucoup justice à l’album qui est, de toute évidence, de très grande qualité mais il est plus difficile de parler de quelque chose qu’on aime que le contraire, les défauts étant difficiles à trouver.