Le plus grand procès lié à la criminalité environnementale en Suède a débuté ce mardi à Stockholm. Onze accusés, dont l’ancienne dirigeante de NMT Think Pink, sont jugés pour avoir enfoui et dispersé illégalement environ 200 000 tonnes de déchets toxiques à travers le pays.
Mardi dernier, la Suède a ouvert l’un des procès les plus retentissants de son histoire en matière de criminalité environnementale. Onze personnes, dont plusieurs figures de l’entreprise NMT Think Pink, sont jugées pour avoir illégalement déversé ou enfoui près de 200 000 tonnes de déchets à travers le pays. Ce scandale, considéré comme le plus grave des cinquante dernières années, a choqué le pays par son ampleur et ses conséquences dévastatrices sur l’environnement.
Un désastre environnemental
Entre 2018 et 2020, les grands sacs roses de Think Pink étaient omniprésents dans la région de Stockholm. L’entreprise, spécialisée dans la gestion des déchets de construction, jouissait d’une solide réputation. Elle avait même remporté deux prestigieux prix récompensant sa croissance rapide et sa création d’emplois. Toutefois, derrière cette façade se cachait une gestion désastreuse : des montagnes de déchets contenant du plomb, des PCB, du mercure et d’autres substances toxiques ont été abandonnées sans traitement approprié dans plusieurs sites à travers la Suède
Selon les procureurs, Think Pink avait récolté ces déchets « sans intention ou capacité de les traiter conformément à la législation ». Ces matériaux ont été accumulés sans tri, souvent broyés et écrasés, puis abandonnés dans des sites non protégés à travers 15 communes suédoises. « Cela a conduit, ou aurait pu conduire, à une pollution nuisible à la santé des humains, des animaux et à l’environnement », précise l’acte d’accusation.
Fariba Vancor, alias Bella Nilsson
Parmi les accusés, Fariba Vancor, anciennement connue sous le nom de Bella Nilsson, figure emblématique de Think Pink, autoproclamée « reine des ordures », est poursuivie pour « crime environnemental aggravé ». À ses côtés, son ex-mari et fondateur de l’entreprise, Thomas Nilsson et plusieurs personnalités.
Tous les accusés nient avoir enfreint la loi, Bella Nilsson affirmant même à la presse suédoise qu’elle est victime d’un complot orchestré par ses concurrents. Pourtant, les preuves semblent accablantes : 150 témoins sont attendus au tribunal de Södertörn, et l’enquête, qui tient sur plus de 45 000 pages, a mis au jour des pratiques frauduleuses répétées.
Des conséquences dramatiques
L’affaire est loin de se limiter aux 200 000 tonnes de déchets identifiés. Selon la procureure Linda Schön, « il est possible que de nombreux autres sites n’aient pas été investigués », mais les 21 lieux concernés suffisent à prouver la nature récurrente des crimes. Les déchets accumulés ont, dans certains cas, provoqué des incendies majeurs. En 2020 et 2021, deux sites de la commune de Botkyrka ont pris feu, entraînant des mois d’incendies, dont l’un près de réserves naturelles, aggravant ainsi les dégâts environnementaux.
Face à cette situation, plusieurs municipalités réclament des indemnisations pour les coûts de nettoyage et de décontamination, évalués à 23 millions d’euros (260 millions de couronnes). Botkyrka, particulièrement touchée, figure parmi les principales communes à demander des compensations pour les incendies déclenchés par les amas de déchets abandonnés.
Un procès qui s’annonce long
Le procès, qui se tiendra au tribunal de Södertörn jusqu’en mai 2025, s’annonce comme l’un des plus longs et complexes de l’histoire judiciaire suédoise. Les enjeux sont énormes, tant pour les accusés que pour les autorités locales et les défenseurs de l’environnement, qui espèrent que ce procès marquera un tournant dans la réglementation de la gestion des déchets en Suède.