L’application TikTok a été rendue inaccessible aux États-Unis à la suite d’une loi votée par le Congrès en 2024, confirmée par la Cour suprême. Donald Trump, qui avait initialement soutenu l’interdiction, a annoncé qu’il suspendrait la loi par décret dès sa prise de fonction et a proposé une solution avec 50 % d’actionnariat américain.
Depuis plusieurs jours, TikTok est devenu inaccessible aux utilisateurs américains, une première dans l’histoire des grandes plateformes numériques. Cette situation découle de la loi votée par le Congrès en avril 2024 et validée par la Cour suprême. Cette mesure a été motivée par des préoccupations de sécurité nationale, les autorités américaines craignant que Pékin ne puisse accéder aux données des utilisateurs ou influencer l’opinion publique via l’algorithme de recommandation de l’application.
L’impact a été immédiat. Les utilisateurs américains de TikTok ont vu s’afficher un message indiquant que l’application n’était plus utilisable, suscitant frustration et incompréhension, notamment parmi les millions de jeunes qui utilisent quotidiennement la plateforme. Cette interdiction ne s’est pas limitée à TikTok : d’autres applications de ByteDance, comme CapCut et Lemon8, ont également été retirées des boutiques d’applications et rendues inaccessibles.
L’écho de cette interdiction s’est fait sentir bien au-delà des cercles de la tech. Les créateurs de contenu, les marques et les entreprises qui utilisaient TikTok comme outil de communication ou de marketing se retrouvent soudainement privés d’un canal essentiel pour toucher leur audience.

L’intervention de Trump
Face à la vague de mécontentement suscitée par l’interdiction de TikTok, Donald Trump a rapidement pris les devants. Moins de 24 heures après avoir suspendu l’application de la loi, le président a annoncé le rétablissement de l’accès à TikTok aux États-Unis. Cette intervention repose sur un décret présidentiel qui permet de suspendre temporairement la mise en œuvre de la loi, permettant ainsi un sursis de 90 jours à ByteDance et à d’éventuels acheteurs pour trouver une solution.
Trump a également encouragé les fournisseurs d’accès à Internet et les boutiques d’applications, telles qu’Apple et Google, à restaurer TikTok sur leurs plateformes. Il a assuré aux entreprises qu’elles seraient protégées rétroactivement contre d’éventuelles sanctions légales grâce à son décret. Cette garantie a suffi pour que l’application commence à redevenir disponible pour les utilisateurs américains.
Par ailleurs, Trump, toujours orienté business, a proposé une approche pour répondre aux préoccupations de sécurité nationale sans recourir à une interdiction totale. Il suggère que TikTok crée une filiale américaine contrôlée à 50 % par des investisseurs américains.
Actionnariat américain
L’idée de Trump est simple : en s’assurant qu’au moins la moitié des parts de TikTok aux États-Unis soient détenus par des investisseurs américains, il garantirait une certaine autonomie vis-à-vis de ByteDance, la société mère chinoise. Une telle structure, qu’il qualifie de « coentreprise », permettrait d’avoir un contrôle local sur la gestion des données des utilisateurs, une condition essentielle pour apaiser les inquiétudes des autorités américaines quant à l’influence que le gouvernement chinois pourrait exercer sur l’application.
Cette proposition s’inscrit dans une logique de valorisation de l’application. Trump a évoqué la possibilité que TikTok puisse atteindre une valeur marchande de plusieurs centaines de milliards de dollars, voire des milliers de milliards, si un accord d’actionnariat américain venait à être mis en place. En garantissant une part importante de contrôle à des investisseurs américains, l’ancien président espère créer un modèle économique solide, favorable aux intérêts des États-Unis tout en préservant l’activité de l’application.
Les entreprises ou personnalités intéressées par le rachat de TikTok :
- Perplexity AI
- Franck McCourt
- Elon Musk
Pour autant, ByteDance, la société mère de TikTok, n’a jamais montré d’intérêt pour une séparation aussi radicale de son application, et il n’est pas garanti que le gouvernement chinois accepte cette structure de partage. La Chine pourrait considérer une telle décision comme une perte de contrôle stratégique sur une de ses applications les plus influentes. Il reste donc à voir si cette solution d’actionnariat américain pourra réellement être mise en place, et si elle saura convaincre tous les acteurs impliqués, des investisseurs aux autorités chinoises.
Ce que Trump peut faire et ne peut pas faire
Dans sa tentative de sauver TikTok, Donald Trump dispose de certains leviers d’action, mais ses capacités sont limitées par le cadre légal, politique et économique en place. Voici ce qu’il peut et ne peut pas faire pour protéger l’application :
Ce que Trump peut faire
- Suspendre l’application de la loi
L’une des premières actions que Trump peut entreprendre est de suspendre l’interdiction imposée à TikTok par la loi votée par le Congrès en avril 2024. La loi prévoit un délai de 90 jours pendant lequel le président peut demander un report de la mise en œuvre de l’interdiction, à condition que des progrès tangibles soient réalisés pour trouver une solution à long terme. Trump a d’ailleurs annoncé son intention de recourir à cette possibilité dès son entrée en fonction. En émettant un décret exécutif, il pourrait prolonger la période de négociation et donner à ByteDance et aux investisseurs potentiels le temps de proposer une solution satisfaisante. - Restaurer l’accès à TikTok
L’une des actions immédiates que Trump a déjà mises en place est l’encouragement des fournisseurs d’accès à Internet et des plateformes de téléchargement d’applications, comme Google et Apple, à rétablir l’accès à TikTok. - Proposer un actionnariat américain à 50 %
Trump a suggéré la création d’une coentreprise où TikTok serait contrôlé à 50 % par des actionnaires américains. Cette structure permettrait de garantir un contrôle local sur la gestion des données et d’apaiser les préoccupations des autorités américaines quant à la sécurité nationale. - Relancer les négociations sur le « Project Texas »
Trump pourrait également relancer le « Project Texas », une initiative qui avait été proposée par TikTok sous l’administration Biden. Ce plan visait à garantir la gestion des données des utilisateurs américains par une entité indépendante et basée aux États-Unis, tout en maintenant ByteDance comme actionnaire principal.
Ce que Trump ne peut pas faire
- Abroger unilatéralement la loi
L’un des principaux obstacles que Trump rencontre est le fait qu’il ne peut pas annuler ou abroger la loi votée par le Congrès de manière unilatérale. Même s’il dispose de certains pouvoirs exécutifs, un président ne peut pas simplement annuler une loi qui a été adoptée par les législateurs. La loi de 2024 a reçu un large soutien bipartisan, ce qui rend son abrogation encore plus compliquée. - Forcer ByteDance à vendre TikTok
Même s’il peut encourager une vente ou une restructuration de TikTok, Trump ne peut pas obliger ByteDance à céder l’application. Jusqu’à présent, ByteDance a refusé à plusieurs reprises de vendre ses activités américaines, notamment en raison des répercussions économiques et politiques que cela engendrerait pour l’entreprise. - Écarter définitivement les préoccupations de sécurité nationale
Bien que Trump puisse essayer de rassurer les autorités américaines et proposer des solutions pour renforcer la sécurité des données, il ne peut pas écarter totalement les inquiétudes sur la sécurité nationale. Les législateurs américains, en particulier ceux des commissions de renseignement et de défense, restent fermement opposés à TikTok en raison des risques liés à l’influence de la Chine.