Parce que l'info c'est plus que des titres

Horizon : à la conquête des salles, ou presque

100 millions de $, c’est ce qu’a coûté Horizon à son réalisateur Kévin Costner. Le premier opus de cette saga cinématographique est sorti le 3 juillet dans les salles du monde entier. Une production très ambitieuse qui semble ne pas rentrer dans les frais de Costner malgré déjà près de 3 semaines d’exploitation. Retour sur l’échec de ce film.

Il y a quelques mois sortait les premières bandes-annonces d’une toute nouvelle saga historique retraçant la conquête de l’Ouest par les Etats-Unis. Avec un beau casting et beaucoup de promesses, le long-métrage du réalisateur de Danse avec les loups nous plonge dans l’Amérique de 1859, pendant la conquête de l’Ouest. Le film débute par le meurtre d’un géomètre et de sa famille par des Apaches dans la vallée de San Pedro (Arizona)  alors que celui-ci était en train de tracer les parcelles de la future ville d’Horizon. Après l’enterrement des victimes par un cow-boy passant par là, le film fait un bond de quelques années, 4 pour être précis, et nous montre la première communauté de colons installée sur les mesures du géomètre assassiné. Le même groupe d’Apaches attaque le campement et y massacre les habitants ne laissant que des cendres et quelques survivants dont le jeune Russell parti prévenir l’armée fédérale. Parallèlement à cela, dans le Montana, une femme tire à deux reprises dur un certain James Sykes et s’enfuit avec un nourrisson. La mère de l’homme envoit quelques hommes retrouver la femme qui a refait sa vie. Elle a pris le nom d’Ellen Harvey et vit avec Walter Childs, le ménage cohabite avec une prostituée du nom de Marigold qui rencontre le marchand de chevaux Hayes Ellison (interprété par Costner). Enfin une troisième histoire est amorcée sur la piste de Santa Fe, on y suit un convoi de pionniers se dirigeant vers Horizon. Parmi eux se trouve un couple anglais composé de Juliette Chesney et Hugh Proctor, des bourgeois qui découvrent un style de vie bien éloigné de ceux de la City anglaise. 

D’indéniables qualités

Le film montre énormément de choses en heures. Bien sûr, l’imagerie est magnifique, les paysages américains se prêtent très bien à la caméra et transmettent parfaitement ces idées de territoires grandioses et vierges, plein de promesses et de dangers pour les colons qui persistent vers l’Ouest pour en découvrir toutes les richesses. Cette poursuite de l’or se fait au prix des locaux qui se vengent par des raids et des meurtres engageant ainsi un cycle de sempiternelles violences. Par cette ambivalence, le film exhibe des qualités d’écriture évidentes en prenant le soin de n’épargner personne et de brouiller les frontières du bien et du mal, bien que certains traits de caractères indiquent explicitement les mentalités de certains personnages. Le film, en tant que premier chapitre d’un triptyque, installe énormément de choses et donne une fin très ouverte, presque impossible à deviner, en intégrant dans ses dernières images de nouveaux personnages. Pour donner un exemple concret, il faudrait prendre le cas de Marigold et Hayes. D’une rencontre provoquée par les appétits pécuniaires mais nécessaires de Marigold se développe une étrange relation qui pousse les deux personnages à fuir ensemble les hommes aux trousses de l’enfant pris par Ellen Harvey à Sykes quelques années plus tôt. Tout s’emboite logiquement sans pour autant être prévisible, du moins pas complètement. Les acteurs sont bons dans ce qu’ils font et ils parviennent à peu près tous à transmettre ce caractère évolutif sans y revenir textuellement, ils grandissent par leur comportement et par leurs actes plus que par le texte.

Des défauts évitables

Pourtant le film porte des défauts qui viennent entacher l’expérience du spectateur. Parlons d’abord des récits enchâssés. Le seul fil rouge qui réunit tous ces récits c’est Horizons, qui devient le point névralgique de tous les personnages à mesure que le film avance. Seulement le film est long, et le réalisateur ne ménage pas son public en donnant énormément d’informations au spectateur, qui devrait presque se munir d’un carnet pour prendre des notes. En soi le film n’est pas incompréhensible mais le flot de nouveautés est trop important et parfois trop condensé pour suivre confortablement le film. Aussi malgré une bonne écriture le film garde certains clichés de scénario avec par exemple celui du soldat américain juste et droit, preux chevalier et sauveur de ces dames que sa hiérarchie n’écoute pas alors que ce dernier a manifestement raison. Ce personnage sert à installer une romance étrange, quasiment prétexte pour faire oublier les horreurs de la guerre. La relation en elle-même n’est pas tellement dérangeante mais la manière de l’amener est là encore presque cliché voire risible pour les spectateurs que la migraine épargne. L’on pourrait aussi discuter de certains choix musicaux originaux à l’instar de la musique épique qui intervient juste après le massacre d’un campement Apaches par un détachement isolé d’Américains. Peut-être doit-on voir là un effet de style pour exacerber le contraste entre la scène réelle et le sentiment des vainqueurs. On peut mentionner aussi cette fin ouverte que nous propose le film. Certes, ces 3 heures ne sont que les premières d’une saga mais ce premier volet ne peut pas tenir par lui-même sans ses suites, il ne propose pas de véritables conclusions, si ce n’est une vision du futur des personnages, images que l’on retrouvera certainement dans la suite. Cela explique peut-être l’échec du film au box office, n’ayant récolté à ce jour qu’une vingtaine de millions de dollars, seulement un petit cinquième du montant avancé par Costner lui-même par l’hypothèque de sa maison à Santa Barbara.

Le média

Nos projets

Nous contacter

Nous rejoindre

Retour en haut