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Joachim du Bellay ressort des abîmes de la cathédrale

Avant-hier l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) a rendu ses conclusions quant au sarcophage de plomb retrouvé en avril 2022 sous la croisée du transept. Son occupant est Joachim du Bellay, poète mort en 1560, à l’âge de 37 ans.

Élégiaque, satirique puis élogieux. Ainsi sonnait les vers des Regrets, recueil de poèmes composé par M. du Bellay. Lui qui revient de Rome déçu par la décadence de l’ancienne capitale impériale, lui qui est aujourd’hui extrait des cendres de la cathédrale, lui qui, mort il y a 5 siècles de cela, reparaît au cœur de l’actualité française.

Défenseur des lettres françaises

Sa courte vie de poète lui aura tout de même permis de graver quelques textes dans la mémoire culturelle française. Ayant œuvré de concert avec François Ier pour faire de sa langue maternelle un langage courant, il signe, avec Pierre de Ronsard et Jacques Peletier du Mans La Défense et illustration de la langue française véritable manifeste linguistique qui acte aussi la naissance de La Pléiade, une association de poète ayant pour but de s’affranchir du latin. Pour marquer le coup, il écrit dans la foulée son tout premier recueil de sonnets, L’Olive, en imitant le style de Pétrarque.

“Si notre vie est moins qu’une journée 

En l’éternel, si l’an qui fait le tour

Chasse nos jours sans espoir de retour,

Si périssable est toute chose née;

Qu’espères-tu, mon âme emprisonnée ?”

(L’Olive, 1549)

Nous ne savons ce qu’elle espérait, mais il est sûr bien que chose née, Joachim du Bellay n’est pas aussi périssable que ce qu’il nous dit ici.

Pérégrinations en Italie et Regrets

En 1553, Joachim du Bellay part, en compagnie du cardinal Jean du Bellay, pour l’Italie. Lui qui imite le style de Pétrarque est impatient de découvrir la culture italienne, son faste, ses monuments, Rome. Mais lui qui attend la splendeur, il repart avec la déception et l’ennui. Il est accaparé par les affaires de son parent, la diplomatie entre la France et l’Italie. Il compose donc à son retour Les Regrets où il exprime tout son désir de retrouver son Anjou natal, son “Loire gaulois” plus que “le Tibre latin” (Les Regrets, XXXI). Il accompagne ce recueil d’une suite, Les Antiquités de Rome, où il prend 32 sonnets pour méditer sur les ruines de la civilisation romaine et exprimer sa mélancolie de la Rome antique.

Retour et extinction

Malade, souffrant d’une surdité progressive, il est renvoyé en France par son frère en août 1557. Il fait alors publier ses recueils. Il est de plus en plus en prise avec ses difficultés matérielles, il continue pourtant de se débattre pendant encore quelques années. Il finit pourtant par s’éteindre le 1er janvier 1560, d’une apoplexie (AVC) au numéro 1 de la rue Massillon, à Paris. Il a 37 ans. Il aura fallu un incendie et des fouilles minutieuses pour retrouver le sarcophage de cet homme de lettres, littéralement.

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