Le dernier film de Gilles Lellouche est sorti dans nos salles le mercredi 16 octobre. A l’affiche Adèle Exarchopoulos, François Civil, Alain Chabat ou encore Benoît Poelvoorde. Au programme un film poignant, puissant et émouvant, il cumule déjà plus de 140 000 entrées pour sa première journée d’exploitation.
Difficile de ne pas parler à cœur ouvert, d’être journaliste face à ce film qu’est l’Amour ouf. Les mots viennent difficilement, l’émotion prend le dessus, c’est de cela que je vais essayer de vous parler dans ce que l’on pourrait considérer comme un billet d’humeur, plus qu’un article.
Tentative de résumé
Le film plante le décor dès les premières scènes, le premier rôle revient aux émotions, elles poussent à l’action, parfois à la bêtise, ses conséquences peuvent être désastreuses. Seulement on ne peut pas passer à côté. On entre dans l’enfance des personnages pour découvrir deux parcours, deux souffrances. L’une est conditionnelle, l’autre mortuaire. Deux destinées somme toute différentes mais amenées à se croiser. Clotaire et Jacqueline, Cloclo et Jackie, le zonard et celle qui a toujours raison. Ils atterrissent dans le même lycée et d’une joute verbale devant l’entrée de l’établissement se noue une relation amoureuse mais surtout passionnelle. Les deux ados se cherchent, se découvrent, s’influencent, s’aiment, et ce au mépris du regard des autres. En parallèle de tout cela Clotaire entre, presque par mégarde, dans la vie criminelle en tentant de revendre, avec un ami, de la drogue, une substance qui appartient à quelqu’un d’autre. Les gros bras du propriétaire les passent à tabac et les obligent à se charger d’une commission à leur place. Les coups pleuvent une nouvelle fois sur Cloclo et son ami. Mais Clotaire se laisse aller à sa rage et se munit d’une barre de fer pour se venger de ses agresseurs. Il gagne le respect du patron, La Brosse, et entre dans sa bande. Jackie est inquiète bien sûr mais elle ne parvient pas à stopper son amour, qui finit par être impliqué dans un meurtre qu’il n’a pas commis.
Ressenti personnel
Donner un ressenti détaillé serait un peu trop long tant ce film m’a fait passer par toutes les émotions. Joie, tristesse, stress et peur ; voilà le chemin désordonné et loin d’être exhaustif de mon état en sortant de la salle. La joie de voir une belle relation progresser pour des personnages auxquels on s’attache très vite comme à des amis, la tristesse d’un gâchis dû à un désir de reconnaissance, de pouvoir, de richesse qui apporte son lot de danger, stress face au sentiment d’insatisfaction qui hante ce film, peur de voir nos compagnons au bord de la mort ou à la merci d’un ravisseur. Très sincèrement j’ai rarement senti les battements de mon cœur devant un film au cinéma. Le film donne un propos puissant et facilement identifiable tant il peut être commun, les acteurs sont entraînants, le cœur me serre encore.
L’œuvre dispose d’une qualité réflexive indéniable, cette maxime utilisée dans le titre de l’article sert de leitmotiv au film et elle m’a poussé à me poser des questions quant à mon propre rapport à l’amour. Cette qualité est poussée par la question de l’expression de ses émotions et de ses sentiments. Le langage est puissant mais pas omnipotent, le dictionnaire aide mais l’acte montre. C’est avec lui que l’on se soulage de la solitude, du poids des choses, il conforte parfois. C’est lui qui vient frapper Jackie dans la seconde partie du film. Il y a tout un jeu sur le non-dit, souvent dû à l’incapacité du personnage à mettre des mots sur ce qu’il ressent et voit chez l’autre. Il est aussi parfois supplanté par l’acte du côté de Clotaire. Il s’exprime dans la violence et la colère, il tabasse ses adversaires, tue si besoin. La violence devient ainsi tout aussi légitime que la parole, elle est peut-être même parfois beaucoup plus claire et efficace.
Bien sûr le film dispose d’un aspect assez comique parfois avec la présence de Jean-Pascal Zadi, il permet d’alléger un peu l’ambiance, qui à la longue est très pesante. On pourrait encore parler des qualités techniques du long métrage, du jeu des acteurs qui est très bon ou encore de la qualité du fond. Je pourrais encore continuer pendant quelques milliers de caractères mais tout ce que je sais c’est que, pour ce film, “bien” est loin d’être suffisant.