Léon Marchand, le « Requiem » des bassins qui écrase tout sur son passage

Comme le Pape Léon XIV qui vient de bénir le monde depuis les hauteurs du Vatican, un autre Léon règne en maître absolu sur les bassins de la planète. À 23 ans, Léon Marchand vient de pulvériser le record du monde du 200 mètres quatre nages en 1’52″69 lors des Mondiaux de Singapour, effaçant d’un trait de brasse la marque vieille de 14 ans de l’Américain Ryan Lochte. 

Un record all-time mercredi, l’or le lendemain. Une performance qui confirme ce que tout le monde sait désormais: le Toulousain est devenu le Michael Phelps français. Cette comparaison n’a rien d’usurpé. Léon Marchand partage bien plus qu’un simple entraîneur avec la légende américaine aux 23 médailles d’or olympiques. Bob Bowman, le mentor qui a façonné Phelps, voit en son nouveau protégé les mêmes qualités exceptionnelles. « Léon me rappelle Michael au même âge. Comparé à Michael Phelps, Léon a bien plus de vitesse alors que Michael a bien plus d’endurance, mais ils sont très semblables dans leurs approches des entraînements et leur envie de donner le meilleur d’eux-mêmes », confie l’entraîneur américain. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, Marchand nage déjà plus vite que Phelps au même âge sur les distances qui comptent. Sur le 400 mètres quatre nages, il détient le record du monde en 4’02″50 depuis 2023, battant la marque de Phelps qui datait de 2008. Sur le 200 mètres quatre nages, son nouveau record de 1’52″69 pulvérise littéralement l’ancienne référence qu’était l’autre titan de la nage, Ryan Lochte. Michael Phelps lui-même l’a reconnu : « Dans mon cas, personne ne croyait que j’étais capable de faire ce que j’essayais de faire. Mais au fond de moi, j’y croyais. C’est la même chose pour lui. J’adore ça ». L’influence de Phelps dans la carrière de Marchand va bien au-delà des simples statistiques. Leur première rencontre à Fukuoka en 2023 reste gravée dans la mémoire du Français : « Il était dans les tribunes et il m’a appelé. C’était la première fois que je le rencontrais et il m’a dit : ‘go get it tonight' », se souvient Marchand. Cette bénédiction du maître a marqué le début d’une relation particulière, Phelps n’hésitant pas à encourager publiquement celui qui brise méthodiquement ses records

Comme tous les grands nageurs français de sa génération, Léon Marchand a fait le choix de l’exil américain pour révéler son potentiel. « J’ai envoyé un mail à Bob Bowman sans le connaître », raconte Marchand . Un mail qui a changé sa vie. Bowman, intrigué par le nom de famille, il connaissait Xavier Marchand, médaillé d’argent mondial en 1998, répond en 15 minutes. « Les États-Unis offrent des infrastructures et des méthodes d’entraînement de pointe », explique cette attraction pour le système universitaire américain. Trois ans plus tard, le pari s’avère payant : champion NCAA avec Arizona State, records du monde battus, et cette progression fulgurante qui impressionne jusqu’à son mentor. « Ce qui m’a le plus impressionné, c’est la façon dont il a géré toute la semaine à Paris. Il n’a jamais varié de sa personnalité », confie Bowman après les JO. Il rejoindra même l’université du Texas en 2024 pour suivre son coach. 

L’évasion des étoiles des bassins est une tradition bien établie depuis les années 2000. Yannick Agnel, champion olympique 2012, avait lui aussi traversé l’Atlantique en 2013 pour rejoindre Bob Bowman à Baltimore. La fratrie Florent et Laure Manaudou ont également connu leurs heures de gloire en s’entraînant loin de l’Hexagone. Cette fuite des talents vers les États-Unis révèle les limites du système français. Contrairement à l’Italie qui a su garder Federica Pellegrini ou à l’Australie qui forme ses champions à domicile, la France peine à retenir ses pépites. Trois ans d’exil qui ont fait de lui le nageur le plus dominateur de sa génération.

L’exception qui confirme la règle

Ce qui rend le parcours de Léon Marchand encore plus remarquable, c’est qu’il réussit sans avoir été formé par Philippe Lucas, l’entraîneur le plus titré de l’histoire de la natation française. Lucas, l’homme qui a révélé Laure Manaudou et tant d’autres champions, reste une figure controversée du milieu. Ses méthodes strictes, son franc-parler légendaire (« Si t’as pas la tronche, t’es mort ») et ses exigences maximales ont façonné une génération de nageurs français. Mais Marchand a choisi une autre voie. Plutôt que de subir les séances d’entraînement interminables et l’autorité sans partage de Lucas, il a préféré la méthode Bowman, plus technique, plus scientifique. Nicolas Castel, son formateur toulousain depuis l’âge de 12 ans, reste son entraîneur référent en équipe de France . « On a eu de la chance de se trouver », confie modestement celui qui a su détecter le potentiel du petit blondinet arrivé dans son groupe. Un pari gagnant qui prouve qu’il existe d’autres chemins vers l’excellence que celui tracé par l’emblématique entraîneur de Melun.

Depuis son explosion sur la scène internationale, Léon Marchand collectionne les records avec une facilité déconcertante. Records de France sur 200m quatre nages, 200m papillon, 200m brasse et 400m quatre nages. Records d’Europe sur ces mêmes distances. Et désormais deux records du monde : le 400m quatre nages (4’02″50) depuis 2023 et le 200m quatre nages (1’52″69) depuis cette semaine. Ses performances défient l’entendement. Aux Jeux de Paris 2024, il a réalisé l’impensable : quatre médailles d’or dont deux le même soir, à moins de deux heures d’intervalle sur 200m papillon et 200m brasse. Une prouesse que même Michael Phelps a qualifiée de « plus grand doublé de l’histoire du sport ».

Vers les records de Spitz

Si Marchand continue sur cette lancée, il pourrait bien s’attaquer aux records les plus mythiques de la natation. Mark Spitz et ses sept médailles d’or à Munich 1972 représentent encore aujourd’hui l’un des exploits les plus légendaires du sport olympique. L’Américain moustachu avait dominé les bassins bavarois avec une facilité insolente, établissant au passage sept records du monde. Pendant 36 ans, ce record a tenu bon, jusqu’à ce que Phelps le batte avec huit médailles d’or à Pékin 2008. Mais Marchand, avec sa polyvalence exceptionnelle et sa capacité à exceller sur des distances très différentes, pourrait bien viser encore plus haut. Sa domination actuelle sur les épreuves quatre nages, sa progression constante en papillon et en brasse, sa jeunesse (23 ans seulement) : tous les ingrédients sont réunis pour un exploit historique.

L’horizon se dessine déjà pour le prodige toulousain. Les Jeux Olympiques de Los Angeles 2028 s’annoncent comme le théâtre de ses plus grands exploits. Le programme de la natation sera enrichi de trois nouvelles épreuves : les 50 mètres papillon, dos et brasse. Six médailles supplémentaires qui pourraient permettre à Marchand d’étoffer encore son palmarès. La natation se déroulera dans un cadre exceptionnel : le SoFi Stadium, l’antre des Los Angeles Chargers, où sera installé un bassin provisoire. Avec 38 000 places, ce sera le plus grand site de natation de l’histoire olympique. Un écrin digne du roi Léon et de ses ambitions démesurées. À 27 ans en 2028, Marchand sera dans la force de l’âge, au summum de ses capacités physiques et techniques. Si sa progression se poursuit au rythme actuel, Los Angeles pourrait bien être le théâtre du plus grand carnage de l’histoire de la natation olympique. Après tout, quand on s’appelle Léon et qu’on règne déjà sur les bassins du monde entier, pourquoi se contenter de sept médailles d’or quand on peut en viser dix ?

« L’objectif à moyen terme ce sont les championnats d’Europe à Paris en 2026 », se projette-t-il déjà , histoire de remettre le couvert dans la capitale française avant l’échéance californienne. Rendez-vous du  1er au 16 août à Paris et Saint Denis pour voir la nouvelle bénédiction du Roi Léon ! 

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