L’exposition “Histoires paralympiques” organisée dans le cadre des Jeux de Paris permettait montrer aux visiteurs comment le sport a évolué pour accueillir en son sein les para-athlètes et les catégories qui viennent les différencier, l’occasion de revenir un peu sur l’inclusion des handicaps dans la société française.
Les Jeux sont terminés certes mais le cycle paralympique s’est poursuivi dans le cinquième arrondissement avec, pour l’occasion, une exposition au Panthéon. Depuis le 11 juin les visiteurs peuvent prendre connaissance des avancées techniques et sociales que le sport a fait pour inclure les personnes atteintes de handicap (visibles ou non) et leur permettre de prouver qu’ils sont tout aussi capables de faire lever des stades, à l’instar de leurs collègues olympiques.
Les précurseurs
On peut commencer à parler d’inclusion, timidement certes, à partir de la fin du Moyen-Âge à la mort de Louis XIV. Avant lui les personnes atteintes de handicaps, appelés “infirmes” étaient enfermés dans des hospices, des Hôtels-dieu, ou plus tard à l’Hôpital de la Salpêtrière. Ils suscitaient, malgré eux, la peur chez le reste de la population. Après le Roi Soleil par contre, des personnes se penchent sur des solutions plus médicales. Cela s’inscrit dans les nouveaux courants de pensées de l’époque, surtout celui des Lumières. Plusieurs noms sont alors à retenir comme ceux de Diderot qui cherche par ses écrits à démontrer l’égalité des esprits avec une bonne éducation pour chacun. L’abbé de l’Epée est aussi très important puisqu’il est l’un des précurseurs de l’enseignement spécialisé aux sourds et malentendants en mettant en lumière les prémices du langage des signes avec la création d’un alphabet à deux mains. Valentin Haüy a quant à lui permis aux aveugles de lire en imprimant des lettres (de l’alphabet classique) en relief pour que les aveugles puissent toucher, lire et compter normalement. Enfin il y a Philippe Pinel, qui se penche sur le cas des “aliénés”, des personnes souffrants de maladies mentales, il est l’un des premiers à préconiser des thérapies morales, douces, qui prennent en compte l’histoire du patient pour le traiter. Ces précurseurs ont posé les premières pierres de l’inclusion.
La question du handicap dans les institutions
Malgré cela, il a fallu attendre la fin du XIXe siècle pour que les institutions donnent un cadre légal à cette inclusion. C’est d’abord les lois Ferry sur l’accès à l’éducation pour tout le monde qui permettent aux personnes atteintes de handicaps d’avoir une place dans les écoles publiques. Plus tard, en 1898, la loi sur les accidents du travail est votée pour permettre aux victimes de bénéficier d’une indemnisation pour les infirmités acquises sur le lieu de travail. En 1905, une loi oblige les localités à prendre en charge les personnes âgées, les infirmes et les incurables qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins. Ensuite il faut partir en 1975 pour obtenir un texte très important. Entre-temps les jeux de Stoke-Mandeville ont été créés, et les Jeux Paralympiques ont fait leur apparition à Rome en 1960 puis à Tokyo 4 ans plus tard et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui. Le handicap est maintenant médiatisé et les Etats bougent. Donc en 1975 la loi d’orientation en faveur des handicapés est votée. Elle revient sur le dépistage et la prévention des handicaps et confirme la volonté d’intégrer les personnes atteintes de handicap dans le système éducatif et dans les institutions publiques. La loi de 1987 instaure l’obligation d’embaucher des travailleurs en situation de handicap, des mutilés de guerre et assimilés. Enfin la loi de 2005 vient cimenter tout cela en créant une définition plus large de ce qu’est une personne atteinte de handicap pour assurer une meilleure reconnaissance et une prise en charge plus efficace. En parallèle tout un tas d’associations sont créées pour accompagner cette partie de la population et les représenter en cas de litiges avec les employeurs ou les institutions. Des aménagements publics sont aussi entrepris dans les métropoles et communes françaises pour rendre tous les bâtiments et transports accessibles à tous. Cependant il reste encore beaucoup de travail concernant la reconnaissance et les infrastructures pour que les personnes atteintes de handicaps visibles ou non puissent bénéficier du même confort de vie que tout le monde. Récemment des discussions ont été entreprises pour rendre les lignes de métro parisiennes accessibles à toutes et tous, reste à savoir si cela va aboutir.