Donald Trump assume la direction prise avec la composition de son administration. Jeudi 14 novembre, devant ses supporters et ses fidèles, réunis à Mar-a-Lago, son fief de Floride, le milliardaire a confirmé ses nominations, avec un mot d’ordre : La loyauté, même aux détriments des compétences.
Une administration à son image, et à sa solde. Donald Trump, candidat victorieux dans la course à la maison blanche s’est exprimé, lors d’un discours de gala, dans sa résidence de Floride, jeudi dernier. Le futur 47ème président des Etats-Unis est revenu sur les polémiques entourant certains de ceux qu’il a nommés à des postes clés du gouvernement. Il a déclaré qu’il n’allait pas répéter la « plus grande erreur » de son premier mandat selon lui : nommer des personnes « qui n’étaient pas loyales ». Selon Todd Belt, professeur de sciences politiques à l’université Georges Washington, interrogé par l’AFP, ces nominations « répondent à 2 critères : la loyauté et la rupture. ». Le message est clair : Donald Trump veut une administration qui va dans son sens, formée de fidèles qui le défendront toujours.
Des profils dont la compétence pose question
C’est ainsi que le milliardaire a nommé au ministère de la Santé le complotiste antivaccins Robert F. Kennedy (RFK Jr.), ou encore, aux commandes du tout nouveau ministère de « l’efficacité gouvernementale », le milliardaire Elon Musk. A la tête du ministère de la justice, le président élu a nommé l’ex-représentant de l’Etat de Floride Matt Gaetz. Considéré comme un perturbateur, ce dernier a été accusé une première fois d’avoir couché avec une mineure – enquête qui s’est soldée par un non-lieu – et était sous le coup d’une autre enquête administrative, notamment pour infractions sexuelles et consommation illégale de drogues, jusqu’à sa démission de la chambre des représentants, mercredi 13 novembre. Ces profils se démarquent par leur manque d’expérience et de compétence dans les sujets qu’ils vont devoir traiter. RFK Jr., ancien avocat en droit de l’environnement n’a aucune expertise médicale, ni scientifique, mais s’est rallié à Donald Trump dans sa course à la Maison Blanche. Matt Gaetz, qui n’est pas diplômé d’une grande école, n’a qu’une très faible expérience, acquise dans un cabinet d’avocat. Il s’est en revanche fait remarquer en invitant un négationniste au Capitole en 2018, en portant un masque à gaz pour protester contre les mesures COVID en 2020, et en accusant « l’establishment » d’être à l’origine des enquêtes à son encontre. Il est également un fervent trumpiste.
Le risque d’un « Etat-Trump »
Les nominations décidées par Donald Trump doivent encore être validées par le Sénat, un processus périlleux, notamment en ce qui concerne Matt Gaetz, qui ne fait pas l’unanimité chez les républicains. Mais à l’inverse de son premier mandat, le sulfureux milliardaire compte bien avoir les mains libres pour mener à bien son projet pour l’Amérique. D’autant que les républicains ont désormais la majorité à la chambre des représentants, au sénat, en plus d’avoir une majorité des juges de la Cour Suprême. De quoi inquiéter certains américains, comme Michelle Goldberg, éditorialiste au New York Times. Interrogée par le journaliste Richard Werly, elle a déclaré « Paradoxalement, notre meilleure protection contre un État-Trump est aujourd’hui ce que la loyauté cache souvent : l’incompétence ».