Face aux droits de douane de Trump, l’Union européenne cherche l’équilibre

Alors que les États-Unis menacent d’imposer de lourds droits de douane à leurs partenaires commerciaux, l’Union européenne se prépare à riposter. Au-delà des chiffres, c’est une logique de confrontation qui s’installe, faisant peser des risques considérables sur l’économie européenne.

L’annonce, début juillet, d’une série de nouveaux droits de douane par l’administration Trump a ravivé les tensions commerciales entre Washington et ses alliés. Le président américain a menacé d’imposer jusqu’à 50 % de taxes d’importation sur certains produits, dont 30 % spécifiquement pour les pays de l’Union européenne. Ces mesures, justifiées par un déséquilibre commercial jugé « intolérable », s’accompagnent d’accusations d’ordre sécuritaire et diplomatique. Le Mexique est mis en cause pour sa gestion des cartels, le Canada pour son rôle présumé dans le trafic de fentanyl, et la Colombie pour son refus de coopérer sur le rapatriement des migrants.

Cette approche, mêlant considérations économiques, géopolitiques et idéologiques, constitue une rupture majeure avec les usages du commerce international. « Il s’agit de mettre une pression maximale », a reconnu Scott Bessent, secrétaire au Trésor américain, soulignant l’objectif d’obtenir des accords rapides avec les partenaires les plus exposés. Une stratégie de choc destinée à forcer la main de l’Union européenne, accusée d’ériger des barrières tarifaires et non tarifaires « disproportionnées ».

Une réponse européenne en construction

Face à ces annonces, Bruxelles se prépare à une riposte structurée. La Commission européenne a dévoilé un plan de contre-mesures visant 72 milliards d’euros d’exportations américaines, en complément d’une première liste de 95 milliards déjà identifiée. Les biens ciblés vont des aéronefs aux dispositifs médicaux, en passant par les véhicules, les produits chimiques et certains biens agricoles. Selon Maroš Šefčovič, Commissaire européen au Commerce, des droits de douane de 30 % rendraient « presque impossibles » les échanges transatlantiques dans ces secteurs.

L’ampleur de l’interconnexion économique entre les deux blocs rend les conséquences potentiellement lourdes. L’Irlande, premier importateur européen d’avions américains, pourrait voir sa place stratégique dans l’aéronautique menacée. L’Allemagne, grande consommatrice de machines et de véhicules américains, subirait un impact direct sur ses chaînes de production. La Belgique, très dépendante des produits chimiques et plastiques venus des États-Unis, redoute un renchérissement généralisé.

L’un des effets immédiats de ces droits de douane serait une perturbation sévère des chaînes d’approvisionnement. L’économie européenne, bien qu’intégrée, reste largement dépendante de technologies, de logiciels ou de services américains.Même les pays faiblement exposés directement au commerce avec les États-Unis pourraient en subir les répercussions. En Allemagne, les constructeurs automobiles qui sous-traitent en Europe centrale seraient contraints à des ajustements rapides. En France, le secteur viticole est sur le qui-vive : le vin français pourrait faire l’objet de représailles si Washington décidait d’aller plus loin dans l’escalade.

Des arguments économiques contestés

Les calculs de l’administration Trump sur les déséquilibres commerciaux sont loin de faire consensus. Donald Trump évoque des taux de droits de douane appliqués à l’encontre des États-Unis atteignant « 67 % pour la Chine » ou « 39 % pour l’Europe ». Ces chiffres, souligne Le Monde, relèvent d’une construction arbitraire, fondée sur le ratio déficit/importations et non sur les taux réels. Le recours à des arguments sanitaires ou culturels, comme l’interdiction du poulet chloré ou la protection de l’exception culturelle, vient brouiller encore davantage la lecture économique.

Cette opacité alimente la nervosité des marchés. Le 6 juillet, Scott Bessent annonçait l’envoi imminent de courriers officiels à une quinzaine de partenaires. La veille, sur Truth Social, Donald Trump prévenait qu’il pourrait revenir « au niveau des droits du 2 avril » si les négociations n’avançaient pas. Une rhétorique martiale qui tranche avec les pratiques habituelles de la diplomatie commerciale.

Une marge de manœuvre politique étroite

Du côté européen, l’heure est encore à la retenue. Aucun calendrier précis de mise en œuvre des contre-mesures n’a été communiqué. Mais les déclarations politiques se durcissent. Le président Emmanuel Macron appelle à « accélérer la préparation de contre-mesures crédibles », tandis qu’Eric Lombard, ministre français de l’Économie, espère encore un accord d’ici au 1er août. Katherina Reiche, son homologue allemande, plaide pour une négociation « pragmatique », mais n’exclut pas une réponse ferme si la menace américaine devait se concrétiser. Les lettres de Donald Trump sont désormais sur la table. La balle est dans le camp européen.

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