La COP29, qui s’est tenue en novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan, a montré quelques avancées en matière de financement climatique et de transparence, mais n’a pas su répondre aux attentes des pays en développement ni des ONG.
L’un des principaux objectifs de la COP29 était de concrétiser l’augmentation du financement climatique pour soutenir les pays en développement dans leur lutte contre le changement climatique. À cet égard, l’accord final a prévu un triplement du financement, passant de 100 à 300 milliards de dollars par an d’ici 2035. Un progrès significatif par rapport aux objectifs précédents, mais qui a été jugé insuffisant par les pays les plus vulnérables.
Les critiques se sont multipliées, notamment de la part des pays africains et des petits États insulaires, qui ont dénoncé un manque de solidarité et de réalisme dans les engagements financiers. Le groupe Afrique a souligné que ce montant, ajusté à l’inflation, est équivalent à celui des 100 milliards promis en 2009, ce qui le rend quasiment obsolète. Plusieurs délégués ont exprimé leur mécontentement, qualifiant cet accord de « crachat au visage des nations vulnérables », pointant du doigt la faiblesse des engagements, surtout quand on sait que ces pays sont les plus touchés par les impacts du réchauffement climatique.
La finance climatique désigne les flux financiers qui visent à soutenir les actions de lutte contre le changement climatique, en particulier dans les pays en développement. Elle comprend les financements publics et privés, bilatéraux et multilatéraux, et couvre différents domaines d’intervention : l’atténuation (réduction des émissions de gaz à effet de serre), l’adaptation aux impacts du changement climatique, et les pertes et dommages (financement des impacts irréversibles du changement climatique).
Le marché carbone
Un autre élément central des discussions de la COP29 a été la mise en place d’un nouveau marché carbone. Cet accord vise à créer un système centralisé sous l’égide des Nations Unies pour réguler les échanges de crédits carbone entre pays, et notamment entre les pays développés et les pays en développement. Ce marché carbone, qui découle des négociations sur l’Article 6 de l’Accord de Paris, a pour objectif de rendre les actions climatiques des États plus transparentes et plus efficaces.
Cependant, cet accord a suscité de nombreuses critiques. Certaines ONG ont pointé du doigt un manque de transparence dans son adoption, et la crainte que ces mécanismes ne servent qu’à compenser les mauvaises pratiques environnementales des pays pollueurs, sans véritablement entraîner une réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les marchés du carbone sont des mécanismes qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre en attribuant un prix au carbone. Ils permettent aux entreprises et aux pays de s’échanger des crédits carbone, représentant une certaine quantité d’émissions de CO2 évitées ou séquestrées. La COP29 a abouti à un accord sur les marchés du carbone, établissant un nouveau système plus efficace et transparent.
L’Azerbaïdjan et les énergies fossiles
Un des grands échecs de la COP29 a été l’absence de mention explicite concernant la sortie des énergies fossiles. En dépit des avancées de la COP28 à Dubaï, qui avait amorcé la transition vers un futur sans pétrole ni gaz, cet objectif n’a pas trouvé sa place dans le document final de la COP29. Cette omission s’explique en grande partie par la position du pays hôte, l’Azerbaïdjan, un important producteur d’hydrocarbures, pour qui la transition énergétique est un sujet délicat.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a d’ailleurs réaffirmé que « le pétrole et le gaz sont un cadeau de Dieu », un message qui a certainement pesé sur le déroulement des discussions. Cette position a aussi été renforcée par l’influence des lobbies des énergies fossiles, qui étaient massivement présents à Bakou, avec plus de 1700 lobbyistes sur place. Ces derniers ont fait pression pour éviter toute mention de la nécessité de cesser l’exploitation des combustibles fossiles. Cela montre à quel point les intérêts économiques des pays producteurs d’hydrocarbures restent un frein majeur aux réelles avancées en matière de transition énergétique.
Les engagements climatiques : des paroles, mais peu d’actions
Malgré des avancées sur le financement et la transparence, les engagements des États pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre sont restés trop vagues et insuffisants. Selon le rapport du Emissions Gap Report, les politiques climatiques actuelles conduiraient à un réchauffement de 3,1°C d’ici la fin du siècle, bien loin de l’objectif fixé par l’Accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5°C. Ces projections ont été confirmées par le Climate Action Network, qui a noté que la tendance actuelle pourrait même mener à une hausse de 3,6°C.
Certains pays, comme les Émirats arabes unis et le Brésil, ont d’ailleurs annoncé une augmentation de leur production d’énergies fossiles dans les prochaines années, ce qui va à l’encontre de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces contradictions entre discours et actes montrent le décalage qui existe entre les engagements climatiques affichés et la réalité des actions des États.
La COP30 : le futur tournant décisif pour le climat
Alors que la COP29 a été marquée par des avancées timides et une volonté d’atteindre des compromis politiques, la COP30, qui se tiendra en 2025 à Belém, au Brésil, pourrait marquer un tournant. La situation sera particulièrement critique, puisque le pays abrite une large partie de l’Amazonie, un véritable poumon écologique de la planète. La COP30 devra, entre autres, approfondir les discussions sur la déforestation et la préservation des écosystèmes, avec un focus particulier sur la forêt amazonienne.
Le Brésil a d’ores et déjà fait savoir qu’il comptait faire de cette conférence un moment-clé pour l’action climatique. Le pays souhaite non seulement renforcer les engagements pour la réduction des émissions, mais aussi démontrer sa volonté de protéger l’Amazonie après des années de politique environnementale critiquée sous le précédent gouvernement. La ministre de l’Environnement, Marina Silva, a qualifié la COP30 de « COP des COP », soulignant son ambition de jouer un rôle moteur dans la lutte contre le changement climatique.
Malgré les quelques avancées de la COP29, les résultats restent en deçà des attentes. L’absence de mesures concrètes sur la réduction des émissions et la sortie des énergies fossiles, ainsi que les insuffisances dans le financement climatique, laissent planer une ombre sur la crédibilité de la conférence. À l’approche de la COP30, la pression s’intensifiera. Les jeunes générations, particulièrement sensibles aux enjeux climatiques, attendent des actes. Le temps presse et la planète ne peut plus attendre.