Elle nous aura fait rêver. Partie de loin, 361e mondiale au début du tournoi, Loïs Boisson s’est finalement inclinée en demi-finale face à Coco Gauff, future lauréate, sur le score sans appel de 6/1 6/2. Mais l’essentiel est ailleurs. Devenue numéro 1 française à l’issue de cette quinzaine historique, la Dijonnaise entame désormais une nouvelle carrière, portée par les nombreuses attentes que suscite sa fulgurante ascension.
« En virement ou en cash » interrogent les organisateurs du tournoi du W75 de Saint Gaudens ( qui a eu lieu du 7 au 11 Mai 2025) au moment de remettre les gains pour sa victoire finale, quelques 9000 euros. Pour sa demi-finale en Grand Chelem, quelques semaines plus tard, elle recevra un cashprize quasiment 50 fois supérieur (690 000 euros). Une ascension fulgurante qui bouleverse sa vie et l’installe dans le circuit principal, au milieu des meilleures joueuses du monde. Classée 65e mondiale ce lundi, la Dijonnaise n’a désormais plus besoin d’invitations ni de passer par les qualifications. Les grands tournois lui ouvrent leurs portes.
Ce parcours impressionnant résonne comme un retour en grâce. Un an plus tôt, Lois brillait déjà sur terre battue avec un bilan de 21 victoires pour seulement deux défaites. Des performances qui lui avaient valu une première invitation pour le tableau principal de Roland-Garros. Mais la veille du tournoi, son corps la trahit. Une grave blessure au genou la prive de ses débuts en Grand Chelem et l’éloigne des courts pendant de longs mois. Pourtant solide en début de saison sur le circuit secondaire, elle voit sa progression stoppée net et doit repartir de zéro en 2025. Un coup d’arrêt brutal qu’elle transforme aujourd’hui en formidable renaissance.
Invitée cette année en compensation de celle qu’elle n’avait pu honorer l’an passé à cause d’une blessure, Lois Boisson débute son tournoi contre la Belge Elise Mertens, 24e mondiale. Peu d’attentes autour de ce match, mais une victoire surprise qui lance parfaitement sa quinzaine. En trois sets solides, 6/4 4/6 6/3, la Française signe un premier coup d’éclat.Elle enchaîne ensuite face à l’Ukrainienne Kalinina, balayée 6/1 6/2. Le rythme est soutenu, l’élan bien lancé. Arrive alors un choc franco-français au troisième tour, face à Elsa Jacquemot, avec un billet pour les huitièmes en jeu. Après un début maîtrisé, Loïs traverse un trou d’air total dans le deuxième set, mais s’accroche jusqu’au bout. Victoire 6/3 0/6 7/5 dans un match à rebondissements.
Dernière représentante française dans le tableau, elle affronte ensuite Jessica Pegula, 3e mondiale. L’Américaine prend rapidement l’avantage, mais Boisson ne panique pas. Solide mentalement, elle inverse la dynamique, revient dans le match et fait jeu égal. Elle finit par s’imposer dans les deux derniers sets. Première victoire contre une joueuse du top 10, premier quart de finale en Grand Chelem. Une performance majuscule. En quart, elle croise la route de Mira Andreva, prodige russe de quatre ans sa cadette. Le talent de la jeune joueuse est indéniable, mais son tempérament la trahit. Le premier set, très disputé, bascule en faveur de la Française. Dans le deuxième, Andreva prend d’abord les devants, avant de s’effondrer. Boisson enchaîne six jeux consécutifs et valide sa qualification pour le dernier carré. Une victoire historique, une entrée dans le top 100, mais surtout un nouveau symbole pour le public français.
Une nouvelle dimension sur des nouvelles surfaces
Ce nouveau classement change tout. La Française entre dans une nouvelle dimension, avec des tournois bien plus relevés et des adversaires d’un tout autre calibre. Les récompenses financières seront aussi plus importantes, mais le défi sera à la hauteur.
L’un des grands enjeux sera l’adaptation aux nouvelles surfaces. Brillante sur terre battue l’an dernier et en ce début de saison, Lois va désormais devoir apprivoiser le gazon et les courts en dur. Son jeu explosif, porté par un service solide et un coup droit puissant, pourrait bien lui permettre de s’y exprimer pleinement. Encore faut-il trouver les bons réglages pour poursuivre sa progression et viser plus loin que les premiers tours.
Elle dispose d’un an et des 800 points obtenus grâce à sa demi-finale en Grand Chelem pour consolider son nouveau statut. L’objectif est clair, engranger des victoires sur les tournois majeurs et pourquoi pas décrocher un premier titre. Le public français, lui, l’a déjà adoptée. Beaucoup voient en elle la relève du tennis féminin. Des promesses à confirmer pour celle qui incarne aujourd’hui la sensation du moment, mais qui garde la tête froide. La confiance accumulée à Roland-Garros n’est pas acquise pour toujours. Elle le sait, rien n’est figé. La saison sur gazon approche, un terrain souvent réservé aux meilleures. Lois s’y testera avec ambition, espérant une première participation à Wimbledon pour continuer à rêver plus grand.