Avec 50,9 % des voix, Olivier Faure conserve son poste de premier secrétaire du Parti socialiste (PS) face à Nicolas Mayer-Rossignol, dans un duel marqué par une très faible marge et des tensions internes. Ce résultat traduit un parti divisé et contraint le camp sortant à composer avec ses opposants, dans un contexte de recomposition politique à gauche en vue de 2027.
Le congrès du Parti socialiste a reconduit Olivier Faure à la tête du parti avec un résultat plus serré que prévu. Il a obtenu 50,9 % des voix des militants, contre 49,1 % pour son principal rival, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen. La différence se situe entre 200 et 500 voix, une amplitude extrêmement faible qui a nourri des suspicions et des débats avant que le résultat ne soit finalement validé, sans contestation majeure, par une commission de récolement. Ce vote oppose pour la deuxième fois consécutive en un an les deux mêmes protagonistes, dans un contexte rappelant celui du congrès de Marseille en 2023, et évite ainsi le psychodrame prolongé observé précédemment.
Une victoire à l’arraché
La faible marge d’Olivier Faure, qualifié par plusieurs observateurs de « gagnant en trompe-l’œil », réduit ses marges de manœuvre à la tête d’un parti en proie à des dissensions importantes. Les partisans de Mayer-Rossignol y voient un désaveu cinglant pour la direction sortante, jugeant que le scrutin impose une prise en compte urgente des attentes exprimées par les différentes sensibilités du PS. La troisième figure du premier tour, Boris Vallaud, qui s’est positionné en « faiseur de rois », a appuyé Faure au second tour, mais sans donner de consigne claire à ses militants. Ce soutien était assorti d’engagements sur une gouvernance plus ouverte et collégiale, incluant notamment une place élargie pour Mayer-Rossignol et ses alliés.
Un parti affaibli et en quête de renouveau
Le PS, qui a perdu de nombreux adhérents depuis 2018 (avec seulement 24 587 votants au premier tour), reste fragilisé. Sa candidate en 2022, Anne Hidalgo, n’avait recueilli que 1,7 % des voix à la présidentielle, et malgré un gain significatif de députés en 2024, il n’a pas retrouvé le leadership à gauche, désormais occupé par La France insoumise (LFI). La gestion « clanique » imputée à Faure par ses détracteurs aggrave encore cette crise de confiance militante.
Dans ce cadre, Nicolas Mayer-Rossignol a adressé plusieurs injonctions à Faure pour une « clarté absolue » concernant la stratégie d’alliances électorales, particulièrement au sujet des relations avec LFI. Il a rejeté la proposition de discussions « au cas par cas » avancée par Johanna Rolland, proche de Faure, appelant à une « affirmation » nette du PS et à un programme autonome, distinct du Nouveau Front populaire (NFP). Mayer-Rossignol défend un positionnement clair du parti face à la tentation de dilution au sein d’une coalition de gauche perçue comme dominée par Mélenchon.
Rassemblement et opposition à la droite
De son côté, Olivier Faure affirme vouloir « rassembler [sa] famille politique », mais aussi « la gauche et les écologistes », pour « renverser la table » face à ce qu’il nomme « l’internationale réactionnaire ». Sur les réseaux sociaux, il a salué la confiance renouvelée des militants, assurant que le PS allait « repartir vers les Français » et œuvrer à leur « réconciliation » dans un pays fracturé. Sa stratégie affiche une ambition d’union large à gauche, intégrant des figures aussi diverses que Raphaël Glucksmann et François Ruffin. Bien qu’il se soit publiquement démarqué de Jean-Luc Mélenchon et de LFI, des sources indiquent qu’en privé, Faure pourrait envisager un accord tactique avec Mélenchon en cas de dissolution anticipée, afin d’empêcher une majorité absolue d’extrême droite à l’Assemblée nationale.
Le congrès révèle ainsi un Parti socialiste fragmenté, marqué par des affrontements plus personnels que politiques et peinant à définir un cap clair face aux défis contemporains. Il devra rapidement clarifier ses alliances électorales et ses lignes programmatiques en vue de la présidentielle de 2027, alors que le débat persiste entre une « affirmation » d’un PS autonome et un rassemblement élargi susceptible de diluer son identité.
Si Olivier Faure espère consolider sa légitimité pour prétendre à une candidature présidentielle, son adversaire Mayer-Rossignol estime au contraire que ce scrutin réduit cette possibilité. La question d’une primaire à gauche, encore incertaine, sera centrale dans les prochains mois et illustrera la recomposition à l’œuvre dans l’espace politique de gauche.