Prendre le temps de comprendre

Pourquoi Donald Trump veut-il récupérer le canal de Panama ?

Lors de son investiture lundi 20 janvier, Donald Trump énonce ses priorités pour les semaines à venir : immigration, conquête de Mars et… annexion du canal de Panama. Une décision motivée par l’enjeu économique et stratégique du passage maritime.

Donald Trump l’affirme : le canal de Panama doit « revenir » aux États-Unis. Une décision rejetée par le président panaméen, José Raul Mulino, sur X. Pourtant, cela ne freine pas le nouveau gouverneur américain, qui n’exclut pas la possibilité de le récupérer par la force. Une idée surprenante, mais pas absurde : pour comprendre les causes, il faut remonter quelques années en arrière. 

Un canal piqué par les Panaméens ?

La révolution industrielle propulse les États-Unis. En 1914, l’un des plus grands chantiers du pays prend fin. Le canal de Panama ouvre ses portes après onze années de travaux. C’est un succès immédiat. Le commerce se concentre autour de cet emplacement, ce qui épargne aux navires un détour par le Cap Horn, au sud du continent. L’usage de ce canal est une machine à profit pour l’économie américaine, qui récolte jusqu’à cinquante millions de dollars en 1950. 

Mais le conte de fée s’arrête brutalement. En 1968, Omar Torrijos, président du Panama, commence un combat diplomatique face aux États-Unis. Son objectif ? Obtenir le contrôle total du canal. Après des années de bras de fer, la pression de l’ONU force Jimmy Carter à plier. En 1977, le processus de transfert est lancé jusqu’en 1999 : ce qui donne naissance aux traités Torrijos-Carter. Depuis, le canal échappe à leur contrôle. Est-ce dû au laxisme du président de l’époque ? Pour Donald Trump, la « vente » effectuée aux panaméens était une erreur.

Une perte pour les Américains

Selon José Raul Mulino, il n’est pas question de céder. Ce transfert représente une valeur économique qu’ils ne peuvent pas laisser filer. En 2024, c’est près de cinq milliards de dollars reversés à l’économie du pays.

C’est pour cette raison que les États-Unis souhaitent récupérer ce qu’ils estiment être leur création. À l’heure actuelle, la situation est tendue. Pendant son investiture, le président américain affiche ses intentions. Pour lui, les droits de passage imposés aux navires américains sont bien trop élevés, une injustice flagrante. Il mentionne également la Chine, qui profiterait de ce canal pour améliorer leur commerce. Reprendre le dessus, ce serait corriger une faiblesse de leur histoire et donner un coup de fouet à sa vision de la restructuration de l’économie. Le message est clair : laisser ce territoire hors des mains américaines, ce n’est plus possible.

Mais alors, peut-il l’annexer ?

Donald Trump ne peut pas récupérer le canal de Panama comme il le souhaite. Légalement, c’est impossible. Cela violerait le droit international et entraînerait une perte économique. Pourtant, il n’hésite pas à intensifier la pression sur le président Mulino.

Théoriquement, la seule possibilité légale serait un accord politique mutuel. De longues négociations, pour éviter un conflit armé. Mais dans les faits, cela semble illusoire. Par ailleurs, passer à l’offensive exigerait un investissement financier majeur, un effort que Trump n’est pas prêt à assumer pour le moment. Dans ces deux cas, le canal est actuellement inatteignable pour les États-Unis.