Qat-astrophe terminée : le PSG au sommet !

Après trois décennies d’échecs jusqu’alors impensables, de transferts records et de managers flamboyants, le PSG est enfin couronné champion d’Europe. Retour sur les épopées continentales du club, entre désillusions écrasantes et victoires historiques, jusqu’au sacre de 2025.

PSG, le club des Lumières, a longtemps flirté avec la gloire en Ligue des Champions sans parvenir à s’en emparer. Pourtant, c’est au printemps 1996 que les Parisiens atteignent enfin les sommets européens pour la première fois : menés par Rai et Youri Djorkaeff, ils remportent la Coupe des Coupes grâce à un but de Bruno N’Gotty (1-0 contre le Rapid Vienne). Cette nuit de mai 1996 reste gravée dans la mémoire collective du Parc des Princes en liesse, fêtant une grande première historique. L’ivresse était d’autant plus intense qu’elle inaugure une longue série de trophées nationaux (Championnat, Coupe de France) en rentrant en France . La qualification dans la plus grande des coupes européennes qui suivit sembla presque anecdotique en comparaison : tout indiquait que Paris, enfin grand, n’avait plus rien à envier aux cadors européens en la matière. Les supporters, euphoriques, ne se doutaient pas encore que ce soir ne serait que l’éclat du début d’un feuilleton long de trois décennies. Or,si l’on excepte une brève complaisance en Coupe Intertoto 2001, cette Coupe des Coupes demeurait jusqu’à lors le dernier gros morceau continental brandi par le club parisien.

Un passage à vide sur la scène européenne

Dans les années 2000, le PSG tourne au ralenti sur la scène européenne. La seule parenthèse de rêve est une victoire en 2001, trophée de consolation par rapport à la Ligue des Champions (C1). Pour le reste, le club a connu quelques belles campagnes, mais à chaque fois la marche était infranchissable. Notamment, en 2014, les Parisiens croyaient être en demi : menés 3-1 par Chelsea (0-2 à l’aller), ils égalisent à domicile 3-3 mais perdent aux buts à l’extérieur. Le PSG peine à planter son drapeau au sommet de l’Europe. Pourtant, durant cette ère grise, le club de la capitale a pu se reposer sur quelques piliers : Sylvain Armand levait les boucliers parisiens du début de l’ère QSI, Alain Roche portait le projet Canal + et le club comptait encore sur des cadres solides comme Pauleta pour les grandes soirée au Parcs dans les années 2000 (contre les Girondins notamment) . En somme, ces années ont pu paraître mornes, mais elles ont aussi posé les bases d’un PSG en devenir, pour les Parisiens.

La donne change radicalement en 2011 lorsque le fonds qatari Qatar Sports Investment (QSI) prend le contrôle du club. Les millions affluent dans les caisses : dès 2012 on compte plus de 250 millions d’euros dépensés en transferts depuis juin 2012, avec à la clé des recrues de prestige (Zlatan Ibrahimovic, Edinson Cavani, Thiago Silva, Angel Di Maria… ). À l’été 2017 Neymar est acheté à prix d’or (222 M€) avant que Kylian Mbappé, d’abord en prêt, puis acheté définitivement à Monaco, pour un peu plus de 180 millions d’euros  . Le PSG, désormais protégé par l’argent du Qatar, règne sur la Ligue 1 (sept titres sur huit saisons) mais la C1 lui résiste toujours : malgré tous les moyens mis en œuvre, les champions de France ne sont pas parvenus à franchir durablement le palier des quarts de finale jusqu’à récemment.

Les désillusions européennes malgré l’ère QSI

Entre 2013 et 2020, les déceptions s’enchaînent sans break et font figure de leitmotiv du Parc. La litanie est implacable : éliminé au compte-gouttes en quarts (Barcelone, Chelsea, City), le PSG finit par être renversé lors de la fameuse « Remontada » de 2017, dès les huitièmes de finales (4-0 au match aller, puis 1-6 au retour). La suite n’est pas plus tendre : en 2018, le Real Madrid balaie les Parisiens (5-2 sur l’ensemble des rencontres) et en 2019, Manchester United les crucifie sur un penalty tardif. Finalement, la série noire se conclut par la défaite en finale, en 2020 contre le Bayern, sur le score de 1-0. On en arrive à grommeler la lapalissade du désabusé : trop fort pour la Ligue 1, pas assez pour l’Europe.

En coulisses, le mariage du PSG avec l’Émirat suscite également son lot de tensions. Les hommes de QSI ont constitué un effectif doré à grands coups de mégatransferts (plus d’un milliard dépensé depuis 2011 ), mais ont souvent eu recours à des artifices financiers pour satisfaire l’UEFA. Parmi eux, un accord publicitaire hors norme lie le PSG au Qatar Tourism Authority : jusqu’à 200 M€ à verser annuellement au club pour promouvoir l’émirat. Les détracteurs y voient un braconnage du Fair-Play Financier : LaLiga, par exemple, a publiquement dénoncé le bilan déficitaire de PSG (plus de 700 M€ de pertes cumulées avant l’extension de Mbappé) comme une honte pour l’équilibre du foot européen. Sans oublier les enquêtes judiciaires : la figure tutélaire du club, Nasser Al-Khelaïfi, a été récemment impliquée dans une affaire de soupçon de pots-de-vin liés à la candidature qatarie pour un Mondial d’athlétisme. Dans ce climat de grands chiffres et de politique, le PSG est souvent caricaturé « paid by Qatar », un label dont le club a toujours peiné à se séparer malgré le trophée suprême de 2025.

À chaque époque son héros. Dans les années Canal+, Rai incarne la flamboyance du Parc : le n°10 à l’élégance ébouriffée, meneur de jeu doué et capitaine charismatique. Après lui, le PSG se cherche des phénomènes : le surprenant Ronaldinho fait une parenthèse brève (2001-03) avant de retourner au Brésil, tandis que David Beckham étire sa dernière danse footballistique à Paris (2012), suscitant autant d’admiration que d’incrédulité. Les stars qui suivent étaient toutes n°9 ou n°10 : Pauleta, impitoyable buteur portugais ; Zlatan Ibrahimović, roi suédois aux gestes fous (2012-16) ; Edinson Cavani, guerrier uruguayen infatigable ; et Ángel Di María, ailier argentin gracieux toujours prêt à tailler l’espace. Dans la seconde partie du conte qatarie, Neymar et Kylian Mbappé éclairent le ciel parisien de leur jeunesse éblouissante (dépenses pharaoniques à l’appui) : culotté, ce tandem aux records pléthoriques s’est brisé sous le poids d’un ego trop pressé. Enfin, à l’aube du triomphe 2025, les symboles changent encore : Neymar, le prodige qui devait ramener la coupe aux grandes oreilles au club de la capitale, ne fut qu’une immense gâchis ; à l’inverse, la jeunesse triomphante (Doué, Hakimi, Kvaratskhelia) porte à bout de bras le drapeau bleu-rouge : fierté partagée entre des cadres anciens (Marquinhos,capitaine couronné, ou encore Kimpembe, toujours présent malgré les lourdes blessures) et la nouvelle garde avide de victoire.

Le Parc des Princes est devenu un régime démocratique de coaches prêt à sauter à chaque faille : Carlo Ancelotti, Laurent Blanc, Unai Emery, Thomas Tuchel, Mauricio Pochettino ou Christophe Galtier ont tous glané des titres domestiques, mais aucun n’a décroché le Graal européen. En 2024, c’est l’Espagnol Luis Enrique qui prend les rênes pour chambouler le statu quo, imposant un jeu se voulant désormais collectif. Les observateurs détectent rapidement la différence : selon Luis Fernandez (un des héros de 96) a déclaré chez nos confrères du Parisien après la finale contre l’Inter Milan « Personne ne joue la star, même s’ils le sont tous », et cela se voit dans l’unité du groupe. La tactique est stricte, le recrutement tourné vers la jeunesse et l’équilibre, comme pour honorer le coup d’envoi d’une nouvelle ère interdite à l’égo : la route vers le titre européen s’annonce différente.

La victoire en Ligue des Champions 2025

Le triomphe tant attendu arrive enfin en 2025. À Munich, le PSG écrase à plate couture l’Inter Milan (5-0, le plus large écart jamais enregistré en finale) pour empocher sa première Ligue des Champions. La jeune star de 19 ans, Désiré Doué brille en inscrivant deux buts et en décelant les complots adverses, pour permettre à son capitaine Marquinhos de brandir le trophée royal, après 12 ans d’attente. Sur le coup de sifflet final, c’est levée de boucliers : feux d’artifice sur la tour Eiffel, les Champs-Élysées envahis par une foule échevelée, des milliers de supporters « libérés » de leur longue attente. Les mots manquent pour décrire cette soif abreuvée : comme le rappelle le président et fervent supporter marseillais qu’est Emmanuel Macron,c’était « une journée glorieuse pour le PSG ». Au bout du compte, le club de la capitale récompense par ce sacre trente années d’attente du Graal européen, une victoire au goût d’apothéose pour les fidèles parisiens.

Au bout de cette odyssée de hauts et de bas, le PSG a mis la main sur son Excalibur. Tant d’années d’investissements massifs, de défi têtes hautes face aux géants européens et de gloires manquées ont formé un terreau unique. Paris, ville cosmopolite, est enfin illuminée par son club et cette victoire réclamée depuis trente ans. Cela ne signifie pas pour autant que l’esprit du Paris Saint-Germain a changé : il restera cette alchimie de folie audacieuse qatarie, de stratégies rigoureuses et d’âmes en fusion qui porte le club au sommet. Car, au fond, la leçon est amère mais lucide : comme le rappelle la marche triomphale du PSG, rien n’était jamais gagné d’avance, et chaque triomphe a un goût d’apothéose après tant d’années de patience.

Du jamais-vu dans les rues de la Capitale : à l’image  de Carla, 14 ans qui, à l’issue du match, s’exclame : « Je n’aurais pas pu rêver meilleure nuit… ». Les Parisiens se ruent hors du stade ou hors de chez eux avec un rêve exaucé en poche. Pour Gérard, quinquagénaire aux yeux brillants, qui a suivi la finale dans le stade transformé en fan zone :« Enfin, Paris et ses supporters ont été récompensés ». Les Champs-Élysées, envahis par une marée humaine, incarnent cette revanche populaire : celle d’une ville et d’un pays dont le club, longtemps sous les projecteurs et moqué, s’impose enfin comme trésor national. Le Pygmalion qatarien peut exulter, la tactique collective a porté ses fruits, mais c’est finalement à l’âme parisienne (pardonnez le chauvinisme) que revient cette victoire au goût d’éternité.

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