Disponible depuis le 10 avril 2025 sur Netflix, la saison 7 de Black Mirror signe un retour très attendu pour l’anthologie dystopique imaginée par Charlie Brooker. Depuis ses débuts en 2011, la série s’est imposée comme une référence en matière de critique sociale et de spéculation technologique.
Après une saison 6 qui s’éloignait de son ADN pour explorer davantage le registre horrifique, cette nouvelle saison revient à l’essence de Black Mirror, avec six épisodes qui renouent avec les thèmes fondateurs de la série : l’obsession technologique, la virtualisation de nos existences, la mémoire, le libre arbitre et les dérives du capitalisme numérique.
Ce qui frappe d’emblée avec cette saison 7, c’est sa volonté de créer du lien, non seulement avec l’actualité technologique et sociale, mais aussi avec l’univers narratif de la série elle-même. Pour la première fois, Black Mirror propose une suite directe à l’un de ses épisodes passés. Intitulé USS Callister: Into Infinity, l’épisode final reprend les aventures des personnages de USS Callister, initialement introduits dans la saison 4. On y retrouve l’équipage numérique coincé dans une simulation de jeu vidéo inspirée des séries de science-fiction à la Star Trek. Après la mort du créateur tyrannique Robert Daly, les avatars numériques doivent apprendre à exister dans un monde sans leur oppresseur, tout en affrontant de nouveaux défis moraux et technologiques. Le retour de Cristin Milioti dans le rôle de Nanette Cole, désormais capitaine, donne une dimension plus affirmée et résolument féministe à cette suite, tandis que le ton mêle critique du culte du héros masculin geek, humour noir et suspense existentiel.

L’équipage de l’USS Calister
Autre événement notable de cette saison : l’apparition de Colin Ritman, personnage culte de Bandersnatch (le film interactif sorti en 2018). Interprété par Will Poulter, il fait son retour dans l’épisode Plaything, qui s’aventure dans l’univers des développeurs de jeux vidéo des années 1990. L’épisode fonctionne comme un écho aux obsessions de Bandersnatch : la perte de contrôle, les effets délétères des choix narratifs imposés, et le vertige de la conscience numérique. Même s’il ne s’agit pas d’une suite directe, les références sont nombreuses, et les thématiques abordées sont plus actuelles que jamais.
Les autres épisodes n’ont rien à envier à ces deux blockbusters narratifs. Le casting cinq étoiles (avec Paul Giamatti, Rashida Jones, Emma Corrin, Peter Capaldi, Chris O’Dowd ou encore Awkwafina) donne vie à des histoires toujours plus ancrées dans notre réalité : un système de santé entièrement automatisé qui broie les individus (Common People), un monde où le deuil est géré par des intelligences artificielles capables de ressusciter les morts virtuellement (Eulogy), une reconstitution numérique de Hollywood dans les années 1940 qui interroge la nostalgie et le fantasme de perfection (Hotel Reverie), ou encore une fable contemporaine sur la manipulation de la mémoire et la revanche numérique (Bête Noire).

Episode De simples jouets
Cette saison 7 démontre que Black Mirror n’a rien perdu de sa pertinence. Mieux encore : en intégrant des personnages issus de précédents épisodes et en assumant une certaine forme de continuité narrative, la série amorce une nouvelle étape dans sa construction. Si chaque épisode reste indépendant, l’ensemble esquisse désormais un monde partagé, cohérent, dans lequel l’humain est confronté aux conséquences toujours plus déshumanisantes de ses propres créations.
Avec une écriture plus affûtée que jamais, une réalisation soignée et des acteurs brillants, Black Mirror reste l’un des rares objets audiovisuels capables de nous faire rire jaune, frissonner, et réfléchir à la place qu’on laisse à la technologie dans nos vies. Une série miroir de notre époque, plus sombre et plus lucide que jamais, nous prouvant une fois de plus la justesse de son titre.