La santé mentale est un thème qui s’est rapidement imposé sur les écrans de cinéma. Donnie Darko, Requiem For A Dream, Fight Club, les réalisateurs ont vu en ces représentations un moyen de sensibiliser le grand public, bien avant que le sujet ne devienne un enjeu sociétal.
« La santé mentale est la grande cause nationale de 2025 » clame Michel Barnier, ancien Premier ministre, quelques semaines avant d’être censuré. De son côté, Statista a récemment révélé qu’environ 50 % des Français déclarent avoir souffert d’un trouble de santé mentale au cours de leur vie. Dans la foulée, le label de sensibilisation aux maladies mentales est lancé pour mieux prévenir ces pathologies.
Mais cette démarche s’inscrit-elle réellement dans une nouveauté ? Si les médias n’ont que récemment inondé la toile sur ce sujet, il se pourrait bien que le cinéma, lui, ait déjà exploré ces troubles, aussi délicats soient-ils.
Du stéréotype à la sensibilisation
Fini l’époque des métrages qui dépeignent ces maladies uniquement sous le prisme de la folie, à l’image de Shining et d’autres productions avant lui. À la fin des années 90, l’idée est différente. Prendre le temps de comprendre, varier les pathologies représentées… Bref, ce nouvel élan est une aubaine pour les studios de cinéma : aborder un sujet sous-exploité tout en laissant une forte impression auprès du public.
Mais le succès n’est pas instantané. Peu de réalisateurs parviennent à trouver leur public, malgré quelques exceptions telles que Gus Van Sant pour Good Will Hunting en 1997, un film qui, en plus de cela, n’est pas réellement centré sur la maladie mentale.
Avec l’essor des blogs et des réseaux sociaux, il faut attendre les années 2010 pour évaluer le point de bascule de la réussite concernant la santé mentale au cinéma. La liste est longue : l’adaptation du livre The Silver Linings Playbook, dit Happiness Therapy en 2012, qui évoque la bipolarité, ou encore Joker en 2019, qui montre les symptômes de la dépression dans l’ensemble de l’œuvre. Désormais, le cinéma aide à comprendre ces pathologies et à prendre conscience de ces problèmes pour n’importe qui.
Fight Club ou le long-métrage qui marque un tournant
Ce n’est ni le premier à explorer ce thème, ni même le plus réaliste, mais il fait figure de référence. Pourtant, il fait partie des échecs commerciaux lors de sa sortie, en 1999. La désillusion en salles n’empêche pas à l’œuvre de David Fincher de devenir un incontournable lors de son arrivée en DVD.
Dans Fight Club, le personnage principal est atteint de psychopathologie, et précisément de trouble dissociatif de l’identité (TDI). Une maladie qui fragmente la personnalité en plusieurs identités. Certes, il s’agit d’une condition rare, mais le film nous en offre une certaine compréhension, sur grand écran, malgré une dramatisation poussée à l’extrême. Cependant, la force du film réside dans l’inconscience de ce trouble tout au long de l’histoire, semé d’indices, que le spectateur comme le protagoniste ne perçoit qu’au twist final : suscitant la fameuse question « Et si moi aussi j’en étais atteint ? ».
Fight Club ouvre alors une brèche. D’autres œuvres sur la santé mentale rencontrent enfin le succès, comme Memento ou A Beautiful Mind, quelques années après. Ironie du sort, le film dont la règle numéro un est de ne jamais parler… est finalement devenu un sujet de société.
Une prise de conscience plus large
Loin d’être un simple effet de mode, le cinéma s’est emparé d’un sujet longtemps resté tabou, à une époque où l’intime n’était que très peu abordé. Aujourd’hui, les long-métrages traitant de santé mentale se multiplient, avec des approches plus nuancées, réalistes, et surtout, davantage documentés. Le septième art a sans doute posé les premières pierres, mais la médiatisation du sujet, elle, ne fait que commencer à s’étendre à d’autres formats, comme les jeux vidéo.