Le gouvernement de François Bayrou se présente lundi 8 septembre devant l’Assemblée nationale pour un vote de confiance sur le budget 2026. Tout indique que le Premier ministre et son équipe n’obtiendront pas la majorité. Emmanuel Macron devra alors arbitrer entre plusieurs options, chacune lourde de conséquences politiques, institutionnelles et sociales.
François Bayrou a choisi d’engager la responsabilité de son gouvernement sur un budget 2026 prévoyant 44 milliards d’euros d’économies et la suppression de deux jours fériés. La mesure, très contestée, cristallise l’opposition à gauche comme à l’extrême droite.
Pour obtenir la confiance, le gouvernement doit réunir la majorité absolue des suffrages exprimés. Or, seules quatre formations (Renaissance, MoDem, Horizons et une partie des Républicain) soutiennent l’exécutif. Ce socle est jugé insuffisant. « Les chances de maintien de Bayrou à Matignon sont quasi nulles », admet un député proche de la majorité.
Ce revers annoncé s’inscrit dans une séquence de forte instabilité. Depuis la dissolution de l’Assemblée par Emmanuel Macron en juin 2024, le pays vit sans majorité claire. Le précédent Premier ministre, Michel Barnier, avait été renversé par une motion de censure en décembre. La confiance de l’opinion dans le couple Macron-Bayrou est désormais au plus bas.
Scénario 1 : nommer un nouveau Premier ministre
L’hypothèse jugée la plus vraisemblable, en cas d’échec de Bayrou, est la désignation d’un nouveau chef de gouvernement. Emmanuel Macron chercherait alors une personnalité capable de fédérer une majorité opérationnelle pour voter un budget et gouverner sans être aussitôt renversée. Plusieurs voies sont décrites par les médias : la continuité au sein du « socle » présidentiel, une ouverture à la gauche modérée ou un pari sur la société civile, jusqu’à l’idée d’un gouvernement « technique » chargé d’expédier les dossiers courants.
Aucune de ces options ne contourne l’arithmétique parlementaire : sans contrat explicite de coalition englobant au moins une partie des socialistes et la droite traditionnelle, la stabilité resterait illusoire. Le risque d’une nouvelle motion de censure planerait aussitôt, dans un climat de défiance de l’opinion vis-à-vis de l’exécutif.
Scénario 2 : dissoudre l’Assemblée nationale
Depuis le 8 juillet, le Président a retrouvé la faculté constitutionnelle de dissoudre. Cette solution, déjà activée en 2024, est toutefois un pari à haut risque. Les sources évoquent des enquêtes d’opinion plaçant le Rassemblement national en tête des intentions de vote, devant une gauche unie, sans garantie d’une majorité claire. Une nouvelle dissolution pourrait donc reconduire l’impasse, voire renforcer les oppositions.
Plusieurs responsables institutionnels mettent en garde contre une « clarification » illusoire, nombre de députés, de gauche comme de droite, redoutent des législatives « meurtrières ». À l’inverse, le RN réclame des élections, tout comme certains anciens dirigeants de droite. Le contexte social, déjà tendu, pourrait se durcir en cas de campagne éclair et de résultats polarisés.
Scénario 3 : la démission du président
La démission d’Emmanuel Macron est réclamée par La France insoumise et le Rassemblement national, et une majorité de sondés y serait favorable selon les éléments transmis. Mais la Constitution ne prévoit aucun mécanisme permettant d’y contraindre le chef de l’État, seul un choix personnel, à l’image de Charles de Gaulle en 1969, ouvrirait une présidentielle anticipée organisée sous 20 à 35 jours, l’intérim revenant au président du Sénat. Le chef de l’État a répété qu’il entendait aller au terme de son mandat en 2027.
Scénario 4 : la destitution
Une procédure de destitution, engagée par LFI sur le fondement de l’article 68 de la Constitution, doit être examinée à partir du 23 septembre. Ce mécanisme vise un « manquement aux devoirs manifestement incompatible avec l’exercice du mandat ». Il est strictement encadré et, selon les sources, n’a jamais abouti sous la Ve République. Sa probabilité de succès est jugée très faible, la situation actuelle relevant d’une impasse politique plus que d’un manquement au sens constitutionnel.
Une équation sociale, financière et politique explosive
Au-delà des mécaniques institutionnelles, l’horizon est assombri par la contestation sociale et les signaux de marché. Une journée d’action « Bloquons tout ! » est annoncée le 10 septembre, soutenue par LFI, avant un nouveau rendez-vous syndical le 18 septembre. Les investisseurs sanctionnent déjà l’instabilité : les taux d’intérêt se tendent, le CAC 40 recule, et l’absence de budget 2026 ferait peser un coût supplémentaire sur le pays. Avec une dette publique portée à 3 345,8 milliards d’euros selon les éléments transmis, l’exécutif argue d’une situation « préoccupante » des finances pour justifier l’effort.
Dans ce contexte, le vote de confiance sur le budget 2026 ne scellera pas seulement l’avenir de Bayrou. Il testera la capacité des institutions à produire une majorité fonctionnelle, au moment où 82 % des Français jugent la classe politique « pas à la hauteur » et où la France est parfois décrite comme « l’homme malade de l’Europe » dans l’analyse politique internationale. Les heures qui suivront l’issue du scrutin détermineront la voie choisie entre recomposition, dissolution, intérim ou impasse prolongée.